La pharmacie des Hospices civils de Lyon (HCL) a sauvé 27 patients en fabriquant un antiparasitaire, la fumagilline, dont la production avait été stoppée en 2019. L'établissement vient de lancer un appel à financements pour pérenniser sa production et traiter de nouveaux patients.
À l'automne 2020, un adolescent immunodéprimé est pris en charge par les Hospices civils de Lyon. Récemment greffé du foie, il souffre de diarrhées sévères. Après investigation, l'origine de ses symptômes est révélée. Ils sont causés par un champignon de la famille des microsporidies. L'adolescent se trouve alors en danger de mort. Pour le soigner, un traitement existe. Il s'agit d'un antiparasitaire utilisé depuis les années 1950, la fumagilline, commercialisé jusqu'en 2019 par Sanofi sous le nom Flisint. Problème, à la pharmacie centrale des hôpitaux lyonnais, les stocks sont épuisés. La production de ce médicament a en effet cessé au niveau mondial il y a 3 ans, en raison notamment de son coût très élevé.
Molécule toxique et instable, la fumagilline est obtenue par fermentation d'une levure. Elle nécessite des mesures de protection importantes en laboratoire et une conservation à une température de moins 80 degrés. Après avoir tenté de s'en procurer auprès de fournisseurs chinois, indiens et européens, les Hospices civils finissent par trouver 300 grammes de matière active en Hongrie. Acheminée à Lyon, la précieuse matière est transformée en suspension buvable par les pharmaciens hospitaliers. Le traitement est administré à l'adolescent immunodéprimé, qui guérit en seulement 15 jours. Il ne sera pas le seul à en bénéficier. Au cours de l'année suivante, la suspension buvable à base de fumagilline va permettre à 26 autres patients, partout en France, d'être soignés.
Près d'un an après avoir commencé à fabriquer cette suspension buvable, les Hospices civils ont presque écoulé les 300 grammes de matière active récupérés en Hongrie. Alors que la pénurie de fumagilline est mondiale, il est désormais urgent de pérenniser la production du médicament. Plusieurs start-ups se sont manifestées en France pour fabriquer un lot pilote mais le coût de lancement, environ un million d'euros, nécessite une aide extérieure, publique ou privée. Le 21 juin, un appel à financements a été officiellement lancé par les Hospices civils de Lyon. « Sans ce remède, les patients immunodéprimés, dont l'ensemble des patients greffés, victimes de microsporidies, n'ont presque aucune chance de s'en sortir, explique Meja Rabodonirina, médecin biologiste à Lyon. Il est impensable de ne pas sauver des patients alors que nous savons comment faire. »
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