Dioxyde de titane

Le passage buccal démontré

Par
Publié le 01/06/2023
Article réservé aux abonnés

Une étude de l'INRAE montre que le dioxyde de titane, additif interdit dans l'alimentation mais encore présent dans les cosmétiques et les médicaments, peut passer dans la circulation sanguine via la muqueuse buccale.

E171

Le dioxyde de titane est un additif largement utilisé à l’échelle mondiale pour ses propriétés colorantes (pigment blanc) et opacifiantes, plus connu sous le nom de E171. Son usage alimentaire a été interdit en 2020 en France, puis en 2022 en Europe. Cette interdiction découle d’une étude menée par l’INRAE en 2017, montrant que les micro et nanoparticules de dioxyde de titane pouvaient provoquer l’apparition de cellules précancéreuses dans le côlon chez l’animal et in vitro, sans toutefois permettre d’extrapoler ces conclusions à l’homme et pour des stades plus avancés de la pathologie. Puis, en 2020, une autre étude de l’INRAE a montré qu’après leur absorption intestinale, ces particules s’accumulent dans le foie et la rate, mais aussi dans le placenta, et peuvent contaminer le fœtus. 

Toujours autorisé dans les cosmétiques et les produits pharmaceutiques

Si en France, l’usage du dioxyde de titane est désormais interdit dans l’alimentation, il est, en revanche, toujours autorisé dans les cosmétiques - notamment dans les dentifrices - et les produits pharmaceutiques. Mais une nouvelle étude menée par l’INRAE pourrait remettre en question cet usage. En effet, ses résultats, publiés le 17 mai dans « Nanotoxicology », montrent que les nanoparticules qui composent cet additif peuvent passer dans le sang par les muqueuses de la bouche.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont tout d’abord étudié leur passage dans la bouche de cochons (histologiquement très proche de celle de l’humain), puis l’effet des nanoparticules sur des cellules buccales humaines en culture. Les résultats montrent non seulement que ces nanoparticules passent par les muqueuses buccales pour atteindre la circulation sanguine, donc bien avant leur absorption dans l’intestin, mais aussi qu’elles peuvent affecter la régénération cellulaire au sein des muqueuses buccales. En revanche, l'effet cancérogène n'a pas été abordé dans l'étude.

Pour les chercheurs, il faut donc « prendre en compte l'exposition directe de la cavité buccale à l’additif alimentaire E171 lors de l'évaluation des risques chez l'être humain, aussi bien lors de son usage dans les produits alimentaires qu’en cosmétique (en particulier pour les dentifrices) et dans les produits pharmaceutiques ».

Charlotte Demarti

Source : Le Quotidien du Pharmacien