Le Quotidien du pharmacien. — Comment avez-vous accueilli l’annonce d’un vaccin efficace à 90 % ?
Pr Vincent Maréchal.- C’est une bonne nouvelle, mais l’annonce donne très peu d’informations et pose beaucoup de questions. Aucune donnée n’est fournie permettant de savoir dans quelle population le vaccin est efficace. Le communiqué précise seulement que 94 participants des 44 000 volontaires inclus dans l’essai ont contracté le Covid et que le vaccin confère une protection de 90 %. On en déduit que 9 malades font partie du groupe qui a reçu les deux doses vaccinales et 85 du groupe sous placebo. C’est un taux de protection très élevé mais il faut maintenant savoir quelle est la durée de cette protection. Le score est-il aussi bon après trois ou quatre mois ? Et qui sont les 9 personnes vaccinées qui ont quand même été infectées ? La population cible de ce vaccin pourrait être très différente selon qu’il s’agisse de 9 personnes âgées ou 9 jeunes. Et quels sont les symptômes ? S’agit-il d’asymptomatiques, d’un nez qui coule ou d’une forme grave ? Ces données, que nous n’avons pas pour le moment, devront être consolidées en s’appuyant sur un plus grand nombre de malades. La question la plus importante reste de savoir si ce vaccin permet non seulement de bloquer le virus mais aussi sa transmission, ce qu’on appelle un vaccin stérilisant. Si tel était le cas, vacciner 50 % de la population permettrait d’avoir un effet barrière collectif.
Cette annonce intervient-elle trop tôt ?
Le but du message de Pfizer et de BioNTech est de dire « nous sommes les premiers » et de s’assurer une base financière. Cela reste une bonne nouvelle, d’autant qu’il n’y a pas eu, à ce stade, de déclaration de cas d’effets indésirables graves. Néanmoins, il faut être conscient des inconvénients de ces projets menés dans l’urgence tels que l’absence de données sur le long terme. Il va falloir se montrer à la fois prudent et pédagogue avec le grand public. Beaucoup de Français disent d’emblée qu’ils ne se feront pas vacciner. Or le vaccin est la seule solution. Sans vaccin, l’unique perspective est de continuer à vivre pendant des années des confinements et des reconfinements. Une fois qu’un vaccin efficace et sûr sera disponible, il faudra convaincre, expliquer encore et encore que la vaccination est avant tout une responsabilité collective pour protéger l’autre et pour stopper la circulation du virus.
La technologie du vaccin à ARNm fait naître des craintes liées à l’utilisation de matériel génétique du virus. Cet ARNm pourrait-il, par exemple, s’intégrer à notre ADN ?
Non, l’ARN est très instable, c’est pourquoi on l’encapsule dans une nanoparticule lipidique pour qu’il atteigne les cellules, qui le lisent et fabriquent le spicule du SARS-CoV-2 selon ses instructions qui va ensuite provoquer la production d’anticorps. L’ARN est très labile, il ne peut pas s’intégrer à l’ADN, il ne se réplique pas et disparaît rapidement. Il faut voir l’ARNm comme un cheval de Troie qui permet de délivrer des informations à l’organisme. C’est en tout cas un support vaccinal très original par rapport aux vaccins classiques, qui ouvre une nouvelle dimension très intéressante et génère beaucoup d’attentes.
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