Encore aujourd’hui, les sociétés savantes ne sont pas d’accord sur ce que recouvre exactement le « Covid long » ou, comme a préféré le définir la Haute Autorité de santé (HAS), les « symptômes prolongés » après Covid.
« Il y a beaucoup de symptômes différents, la recherche est donc compliquée à réaliser parce qu’il faut pouvoir définir des groupes homogènes de patients. Actuellement, on constate qu’une partie de la population ayant fait la maladie a des symptômes persistants, qu’il peut s’agir de personnes qui ont été hospitalisées ou non, et nous cherchons à savoir s’il existe des similarités entre ces individus », explique le Dr Olivier Robineau, du service universitaire des maladies infectieuses et du voyageur du centre hospitalier de Tourcoing. Et les questions sont nombreuses, la première d’entre elles étant de savoir ce qui peut vraiment être associé au Covid-19.
Une chose est sûre, le Covid long est une réalité. « Des formes persistantes sont décrites, le plus souvent après un Covid sévère, mais aussi après une forme légère ou modérée. Il s’agit de symptômes comme la fatigue, des frissons, une baisse de moral, des douleurs thoraciques, des maux de tête, des difficultés cognitives, des troubles neurologiques, ou encore liés à la sphère ORL avec la perte de goût ou/et d’odorat, des troubles locomoteurs, etc. Nous sommes face à une pléiade de symptômes qui évoluent dans le temps, sont fluctuants, avec des phases d’exacerbation », détaille le Dr Yoann Gaboreau, médecin généraliste et maître de conférences à l’université de Grenoble.
Une forme de reconnaissance
Plusieurs études ont néanmoins réussi à établir la persistance de symptômes plusieurs mois après la maladie. L’une des plus récentes, l’étude Comebac (COnsultation Multi-Expertise de Bicêtre Après Covid-19) publiée dans le « Journal of the American Medical Association » (JAMA) ce mois-ci, indique que 51 % des patients hospitalisés ont rapporté un symptôme qui n’existait pas avant l’infection quatre mois plus tard, caractérisé par de la fatigue, une dyspnée ou des troubles cognitifs.
« Depuis la publication des réponses rapides de la HAS le 12 février dernier, des consultations spécifiques se mettent en place, principalement dans les centres hospitaliers », indique Yoann Gaboreau. Et des travaux sont en cours au niveau des agences régionales de santé (ARS) pour organiser le réseau de soins en ambulatoire, ajoute Olivier Robineau. Une forme de reconnaissance du Covid long pour Pauline Oustric, présidente de l’association #AprèsJ20 créée à l’initiative de patients et de médecins qui a participé aux réponses rapides de la HAS. « Le plus important c’est que, quels que soient les symptômes, les patients soient pris en charge et soignés. Mais pour l’instant, c’est encore très flou pour les patients. » L’association se félicite d’avoir obtenu une reconnaissance du Covid long en affection de longue durée (ALD) même s’il s’agit d’une « ALD hors liste » et donc non systématique. « La prise en charge est très disparate dans les territoires. Le principe est que le médecin fait une demande au médecin-conseil qui prend une décision au cas par cas. Des patients essuient des refus et arrêtent les soins faute de prise en charge. Nous avons donc demandé une ALD spécifique Covid long, ce qui n’a pas été accordé pour le moment en raison des difficultés à établir un diagnostic », ajoute Pauline Oustric.
Des années de recherche en perspective
Il convient donc d’étoffer les connaissances scientifiques pour améliorer la prise en charge des malades. Pauline Oustric évoque la dizaine de témoignages que son association a reçue, de la part de personnes ayant eu le SRAS (SARS-CoV-1) au début des années 2000 et qui se sont « parfaitement reconnues dans les témoignages de Covid long ». Une piste ? « Nous sommes engagés dans des années de recherche, répond Olivier Robineau. Le SARS-CoV-1, qui date d’il y a presque 20 ans, continue de faire l’objet d’articles scientifiques aujourd’hui. Les coronavirus, bien connus de certains spécialistes comme les ORL, sont une découverte ou une redécouverte pour beaucoup d’entre nous. »
Pour l’instant, les chercheurs émettent quatre grandes hypothèses pouvant expliquer ces symptômes prolongés : la persistance d’une réaction inflammatoire de certains organes, la persistance du virus dans l’organisme (sans contagiosité), une cause physiopathologique liée à l’événement Covid-19. Ou encore des troubles somatoformes : « Plus des symptômes ont duré longtemps et plus on a du mal à s’en débarrasser, même quand les lésions ont disparu. De la rééducation est alors nécessaire », souligne Olivier Robineau. Quelles que soient les origines du Covid long, le médecin conseille à ses confrères de faire preuve de « beaucoup d’écoute » car ils font souvent face à des « patients qui ont hésité à consulter en se disant que ça allait passer ou/et qui ont déjà consulté mais se sont trouvés face à des médecins désarmés ». Il recommande aussi la transparence : « expliquer ce que l’on sait même si c’est limité ». Et de procéder à un examen clinique pour s’assurer qu’il n’y a pas un autre diagnostic à poser, avant d’orienter, en fonction des symptômes, vers d’éventuels examens complémentaires tout en restant dans « le minimum nécessaire car chaque examen supplémentaire est anxiogène ». Il invite à élaborer les soins dans un projet ambulatoire et à ne pas hésiter à prescrire des traitements symptomatiques.
* D’après un point presse de l’ANRS Maladies infectieuses émergentes, le 18 mars dernier, sur le Covid long.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %