Le gouvernement britannique a annoncé hier le lancement, dans les prochaines semaines, d’une étude qui exposera 90 volontaires sains et jeunes (18-30 ans) au virus du SARS-CoV-2. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), tout comme de nombreux pays, dont la France, est réticente aux « challenges infectieux », en particulier dans des pathologies pour lesquelles il n’existe pas encore de traitements curatifs.
Le Royaume-Uni avait déjà évoqué son intention de conduire un challenge infectieux en fin d’année dernière, alors même qu’aucun vaccin n’avait encore été validé dans le Covid-19. Le gouvernement britannique annonce que cet essai clinique commencera dans les prochaines semaines, après approbation des autorités chargées d’en vérifier l’éthique. L’étude va recruter 90 volontaires sains âgés de 18 à 30 ans, qui recevront une injection d’une faible dose de SARS-CoV-2, dans un environnement sécurisé, en présence de médecins et de scientifiques disponibles 24 heures sur 24. Le but ? Évaluer la plus petite quantité de virus nécessaire pour provoquer une infection, une information qui permettra d’améliorer la recherche pour le développement de vaccins et de traitements contre le Covid-19.
Une fois la phase initiale de l'étude terminée, les vaccins validés par les essais cliniques pourraient être administrés à un petit nombre de volontaires qui seraient ensuite exposés au virus Covid-19, afin d'identifier les vaccins les plus efficaces. « Notre objectif final est de déterminer quels vaccins et traitements fonctionnent le mieux pour vaincre cette maladie, mais nous avons besoin de volontaires pour nous soutenir dans ce travail », explique l’investigateur en chef de cet essai, Chris Chiu, de l'Imperial College de Londres. L'étude, financée par le gouvernement à hauteur de 33,6 millions de livres (38,6 millions d'euros), est réalisée en partenariat avec le Royal Free Hospital de Londres.
La pratique des challenges vaccinaux est controversée dans le milieu scientifique. Si elle peut être acceptable lorsqu’aucune alternative n’est disponible ou lorsque la maladie est bien connue et que des traitements efficaces existent, elle l’est beaucoup moins dans le cas présent. Pour l’OMS et de nombreux pays, l’infection volontaire de personnes saines est éthiquement discutable. En France, le Comité scientifique Covid-19 et le Comité vaccin covid-19 se sont opposés à cette pratique dans leur avis du 9 juillet dernier.
Le consentement libre et éclairé de ces volontaires, qui est une obligation normée pour tous les essais cliniques au niveau international, pose question alors même que la science reconnaît des connaissances lacunaires sur le Covid-19. De même, la forte rémunération proposée par l’entreprise de recherche clinique (CRO) aux volontaires britanniques interroge. Des experts français notent par ailleurs que ces challenges infectieux sur de petites cohortes posent problème pour transposer les résultats obtenus à des populations plus larges ou à des populations à risque. En l’occurrence, le Covid-19 est connu pour être particulièrement délétère chez des personnes âgées ou à comorbidités, mais ce sont des personnes jeunes et sans comorbidité qui participeront à l’essai. Si l’éthique la plus primitive permet de comprendre l’exclusion de sujets à risque dans ce type d’études, l’intérêt des futurs résultats n’en est pas moins remis en question.
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