La France est un des rares pays développés a ne pas encore avoir de vaccin contre le Covid-19. Un état de fait qui passe mal au pays de Pasteur, comme le rappellent à l'envi politiques, acteurs du monde économique et commentateurs.
Les aléas de la recherche expliquent certes en partie cette déconvenue. Le facteur chance joue un rôle dans la découverte d'un nouveau médicament ou d'un nouveau vaccin. Mais le vrai problème est ailleurs. Il se situe à la fois dans la méfiance et la peur largement répandues dans notre pays envers le progrès, et dans les lourdeurs d'une bureaucratie qui inhibent toute démarche novatrice.
Dans le cadre d'un colloque justement dédié au progrès, organisé la semaine dernière par le Medef, l'organisation patronale a publié un sondage réalisé par Odoxa mettant en avant les doutes – voire la défiance - des Français à l'égard des nouvelles technologies, l'innovation ou encore la science, un sentiment plus élevé que dans d'autres pays européens. « Je n'irais pas jusqu'à dire que les difficultés de Sanofi ou l'échec du vaccin Pasteur sont le syndrome de ce doute, car il y a une part de malchance dans la recherche médicale. Mais quand même, le pays de Pasteur qui n'arrive pas à être dans la course aux vaccins, est-ce qu'il y a un lien avec ce qui a distillé le principe de précaution dans la société ? On peut se poser la question », s'interroge le patron du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux.
Se remettre en cause
L'exemple de deux Français, Stéphane Bancel, qui a créé Moderna, et Pascal Soriot, patron d'AstraZeneca, montre bien que « le génie français n'a pas disparu, constate le président du Medef, simplement il est allé s'exprimer dans un autre contexte ». L'occasion ou jamais de « se remettre en cause ».
Du côté des laboratoires français, fin janvier l'institut Pasteur avait annoncé l'abandon de son principal projet, tandis que Sanofi a indiqué que son vaccin ne serait prêt que fin 2021. Selon les responsables politiques, la France doit mettre les bouchées doubles pour défendre sa souveraineté en matière sanitaire. En pleine crise pandémique, le cas de la biotech franco-autrichienne Valneva, qui va fournir des vaccins anti-Covid au Royaume-Uni, fait désordre.
Mais pour la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher, « il n'y a pas de perte d'opportunité » pour la France, car Valneva ne sera en mesure de livrer Londres qu'à l'automne, soit « après que la France ait été livrée de 150 millions de doses » par d'autres laboratoires, selon elle. La ministre a aussi de nouveau fait valoir que la France avait proposé à l'entreprise, qui n'a pas de site de production dans l'Hexagone, de financer ses recherches cliniques à hauteur de 80 %, mais que celle-ci avait décliné et trouvé pour ainsi dire « meilleur ailleurs », en l'occurrence au Royaume-Uni.
Reste que cet exemple illustre une fois de plus le peu d'attractivité de notre pays pour les pionniers de la biotech.
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