LONGTEMPS taxé d’immobilisme, le ministre allemand de la santé, le Dr Philipp Rösler, vient enfin de dévoiler ses premières intentions pour stabiliser les dépenses de santé. Mais ses projets sur le médicament suscitent déjà le scepticisme de son propre parti.
Le Dr Rösler souhaite notamment mettre un terme à la liberté de fixation des prix des médicaments par les industriels, en instituant des commissions chargées d’évaluer le rapport « qualité-coût » des nouvelles spécialités. Selon lui, une négociation des prix avant la mise sur le marché des nouveaux médicaments ferait gagner 2 milliards d’euros par an aux caisses de maladie. Il envisage en outre d’augmenter les « rabais » que doivent consentir les industriels aux caisses d’assurance-maladie. Par ailleurs, il souhaite limiter le recours aux importations parallèles et se montre hostile à toute « libéralisation » du marché pharmaceutique, de même qu’à la création de chaînes de pharmacies. Son projet d’autorisation des prix se heurte toutefois à l’incompréhension d’une large frange de son parti, le parti libéral (FDP), membre de la coalition gouvernementale, qui s’étonne de cette idée jugée très réglementariste. Si ce projet « fait désordre » au sein du FDP, il s’ajoute aux nombreux « couacs » qui ont marqué l’entrée au gouvernement des libéraux à l’automne dernier, et qui les plombent déjà au plus bas des sondages.
Le FDP souhaite toujours lancer une grande réforme de la santé, dont l’aspect majeur serait le remplacement des actuelles cotisations sociales par des primes individuelles à montant fixe, une idée rejetée par la majorité du parti de la chancelière Angela Merkel et surtout par ses alliés chrétiens sociaux bavarois.
Toutefois, la réforme qualifiée d’urgente l’est finalement moins que ne le pensait le gouvernement : les derniers chiffres officiels sur les résultats de l’assurance-maladie pour 2009 montrent que celle-ci, grâce notamment à ses réserves, a dégagé encore l’an dernier un léger excédent de 1,1 milliard d’euros, pour des dépenses totales remboursées de 170,8 milliards. En 2010, en revanche, l’assurance-maladie s’attend à un déficit avoisinant les 7,8 milliards d’euros.
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