• Pourquoi y a-t-il des adjuvants aluminiques dans les vaccins ?
Les adjuvants aluminiques sont utilisés depuis 1927 dans la majorité des vaccins mis sur le marché dans le monde. On les retrouve notamment dans les vaccins pédiatriques contre la diphtérie, le tétanos, la polio, mais aussi dans les vaccins contre l’hépatite B, ou le papillomavirus. Ces adjuvants ont pour rôle de stimuler la réaction immunitaire, qui, sans leur présence, serait trop faible ou trop peu durable.
• Sont-ils dangereux ?
Le profil de tolérance des sels d’aluminium est excellent. Les effets indésirables démontrés sont essentiellement locaux (inflammation, rougeur, granulome au site d’injection…). Et cela est validé sur plus de 80 ans d’utilisation dans le monde entier. D’ailleurs, « aucun pays ni aucune instance internationale ne remet en cause la vaccination avec adjuvant aluminique », indique le Pr Daniel Floret (Président du Comité technique des vaccinations), lors de l’audition publique du 22 mai à l’Assemblée nationale.
• D’où vient la polémique ?
Une poignée de scientifiques, certes reconnus, et des associations de patients, estiment que les adjuvants à l’aluminium sont à l’origine de certaines pathologies, dont la myofasciite à macrophages (MMF). Cette maladie rare est caractérisée par une intense fatigue, des douleurs musculaires et articulaires, ainsi que des troubles cognitifs. Mais curieusement, elle n’est quasiment décrite qu’en France, alors que la vaccination avec des sels d’aluminium est courante dans le monde entier. Pour le Pr Jean-François Bach (Académie de médecine), « il s’agit bien là d’un problème franco-français. On ne discute pas de la toxicité des adjuvants aluminiques, aux États-Unis, en Espagne, etc. »
• Existe-t-il un lien entre myofasciite à macrophage et vaccin avec aluminium ?
En fait, aucune étude épidémiologique n’a mis en évidence de lien entre la « maladie » - la myofasciite à macrophage -, et la vaccination avec des adjuvants aluminiques. Cependant, on a démontré que localement, les adjuvants aluminiques peuvent être à l’origine de la persistance d’aluminium dans les macrophages, au niveau de la zone d’injection des vaccins. C’est-à-dire, en général, dans le muscle deltoïde. On parle de « lésion de myofasciite à macrophage », de granulome aluminique au point d’injection, ou encore de tatouage vaccinal, car il peut persister dans le muscle plusieurs années.
Par ailleurs, il est vrai que l’on retrouve cette lésion dans le deltoïde chez les personnes atteintes de la maladie MMF. C’est même comme cela qu’on en fait le diagnostic : lorsqu’une personne présente des signes cliniques alliant douleurs musculaires et fatigue chronique intense, on fait une biopsie du deltoïde. Si l’on montre la présence de macrophages chargés d’aluminium au niveau de ce muscle, on évoque alors le diagnostic de MMF. Mais aucune étude épidémiologique n’a établi de lien inverse entre le granulome aluminique local et la « maladie » myofasciite à macrophage. Après une analyse poussée des données disponibles, l’OMS, l’Académie nationale de médecine, l’ANSM et le Haut conseil de santé publique aboutissent tous à cette absence de lien.
• Quelles sont les études qui alimentent la polémique ?
Ces études sont essentiellement menées par l’équipe du Pr Romain Gherardi (CHU Henri Mondor, Créteil), qui, dans un article du Lancet en 1998, a décrit pour la première fois la maladie. Selon le chercheur, « les particules d’aluminium persisteraient anormalement longtemps dans l’organisme des personnes atteintes de MMF, qui ne seraient pas capables de les éliminer ». De plus, la maladie pourrait s’exprimer des dizaines d’années après la vaccination, d’où la difficulté de notifier une MMF comme étant un effet secondaire de la vaccination.
Hors de France, un autre chercheur s’intéresse à la MMF : le Pr Yehuda Shoenfeld (Université de Tel Aviv, Israël). Son hypothèse est que « la maladie pourrait apparaître principalement chez des sujets génétiquement prédisposés, porteurs du gène HLA-DRB1*01. Ce qui expliquerait la contradiction entre l’usage à grande échelle de l’hydroxyde d’aluminium et la rareté de la MMF », avance-t-il.
« Mais si toutes les études réalisées par ces scientifiques sont intéressantes, elles présentent de nombreux biais et ont été conduites chez la souris et sont donc peu extrapolables chez l’Homme », relativise Daniel Floret. Toutefois, les autorités sanitaires françaises admettent qu’il est important de poursuivre les recherches. Ainsi, l’ANSM vient d’accorder un financement de 150 000 euros à l’équipe du Pr Gherardi pour une étude portant sur la « biopersistance et la neuromigration des adjuvants aluminiques des vaccins ». Un comité scientifique indépendant a été mis en place afin d’encadrer ces travaux controversés. Les résultats sont attendus pour 2016.
• Pourquoi il faut continuer de se faire vacciner ?
« Se vacciner c’est se protéger soi-même et protéger les autres », insiste la ministre de la Santé, Marisol Touraine. Aujourd’hui, 700 000 décès sont évités chaque année dans le monde grâce aux vaccins. Au siècle dernier, en France, 5 000 personnes par an décédaient de maladies dont elles sont aujourd’hui protégées par la vaccination. Ainsi, depuis 2000, chaque année, on ne recense que 49 décès par tétanos, 10 par rougeole et 50 par méningite. Marisol Touraine s’alarme donc de cette polémique qui vient fragiliser la confiance des Français en la vaccination, et met en garde « contre des raisonnements non scientifiques qui alimentent des inquiétudes qui n’ont pas lieu d’être ».
• Pourquoi n’utilise-t-on pas d’autres adjuvants ?
En premier lieu, car les sels d’aluminium sont efficaces et très bien tolérés. D’autres adjuvants existent, « notamment le phosphate de calcium, mais il a été abandonné pour différentes raisons industrielles et aussi car il possède des propriétés inflammatoires plus intenses avec des effets secondaires plus puissants que l’aluminium », indique le Pr Brigitte Autran (hôpital de La Pitié Salpêtrière, Paris).
Quant à la mise au point de nouveaux adjuvants, l’industrie y travaille, mais « cette recherche est longue et complexe, d’autant plus qu’il nous faut trouver des adjuvants aussi efficaces et aussi bien tolérés que les sels d’aluminium », avoue le Dr Alain Sabouraud (Sanofi-Pasteur).
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