LA NOUVELLE aura surpris de nombreux patients, mais aussi la plupart des prescripteurs et pharmaciens. Depuis son annonce le 25 juin, le retrait progressif des spécialités à base de DXP semble désormais programmé. En 2004 et 2005, deux pays de l’Union européenne, la Suède et le Royaume-Uni, avaient déjà pris des mesures restrictives à l’égard des spécialités contenant du DXP. Celles-ci avaient mené au retrait progressif des médicaments concernées. Dans ces pays, de nombreux décès étaient en effet imputés à des intoxications - plus souvent volontaires qu’accidentelles - au DXP, seul ou en association. En France, où l’association DXP/paracétamol (Di-Antalvic et génériques) est commercialisée depuis 1964, le médicament avait aussi fait l’objet d’une enquête de toxicovigilance courant 2005. Mais, à l’époque, aucune des données recueillies n’avait justifié de retirer les produits.
Avis défavorable de l’EMEA.
Finalement, c’est la différence de statut des médicaments contenant du DXP dans l’Union européenne et le nombre de décès par intoxication dans certains états membres qui ont conduit la Commission européenne à demander la réévaluation du rapport bénéfice-risque des spécialités contenant l’association DXP/paracétamol. Une réévaluation dont le résultat - « avis défavorable au maintien du DXP » - est tombé jeudi dernier. Les motifs de cette décision ? Une efficacité jugée insuffisante de l’association DXP/paracétamol, par rapport au risque mortel de surdosage, et comparée à celle du paracétamol seul utilisé dans la douleur aiguë ou chronique. Autre argument clé : la marge thérapeutique du médicament est trop faible pour garantir la sécurité des patients, estime l’EMEA.
Les réserves de l’AFSSAPS.
Dans ce contexte, l’AFFSAPS a annoncé vendredi que, dès lors que l’avis de l’EMEA sera confirmé par la Commission européenne, elle organisera le retrait progressif des spécialités contenant du DXP sur une période d’un an afin de préparer le passage aux alternatives thérapeutiques. Une décision que s’impose l’instance nationale dans un souci d’harmonisation européenne. Mais qu’elle semble appliquer un peu à contrecœur… L’AFSSAPS considère en effet, « qu’il aurait été pertinent de maintenir l’AMM de ce médicament en limitant la prescription à des situations justifiant son utilisation, telles que la résistance ou l’intolérance aux antalgiques de palier I ou II. » L’agence justifie en cela une certaine exception française dans le statut du médicament. Le nombre des décès par intoxication au DXP en France se révèle moins important qu’en Suède ou au Royaume-Uni en raison de plusieurs éléments, estime l’AFSSAPS : d’une part le conditionnement français en blister et la dose maximale de DXP par boîte (600 mg) sont mal adaptés aux prises massives, d’autre part l’indication en seconde ligne d’un traitement antalgique et le classement en liste 1 du produit en limitent le champ de prescription.
Quoi qu’il en soit, rassure l’agence, « le profil de sécurité d’emploi du DXP est connu est satisfaisant dans des conditions normales d’utilisation », qui précise par ailleurs aux patients traités par DXP, « des alternatives thérapeutiques existent. Il appartiendra à votre médecin traitant de décider de la meilleure alternative thérapeutique en fonction de votre cas. ».
L’association DXP/paracétamol était en avril 2009*, en 5e place des génériques vendus dans les officines françaises.
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