Depuis le 9 février 2019, la France a mis en place le processus de sérialisation des médicaments. La totalité de la chaîne pharmaceutique adopte alors cette directive européenne*. L’objectif est de lutter contre la falsification des produits pharmaceutiques, un fléau en pleine croissance.
Une année plus tard, en pleine crise sanitaire, l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) fait marche arrière. Elle suspend le dispositif afin de faciliter la production de médicaments dits “essentiels”. En prenant cette décision, l’ANSM répond à une inquiétude légitime de beaucoup de professionnels de santé. Nos hôpitaux et nos officines risquent de connaître des tensions d’approvisionnement dans les jours à venir. En facilitant le contrôle des produits jusqu’au 31 mai 2020, l’agence souhaite ainsi donner aux industriels une plus grande flexibilité pour la libération des lots.
Mais en allégeant ces contrôles, notre système ne s’expose-t-il pas à l’émergence d’une nouvelle crise ? La question peut légitimement se poser. L’expérience acquise avec les masques et les solutions hydroalcooliques constitue une base de réflexion. Devant la pénurie, les pharmaciens et les grossistes-répartiteurs ont vu arriver de nouveaux fournisseurs totalement inconnus dans le monde de la santé. Ces démarchages commerciaux assurant rapidement et à moindre coût une réponse aux besoins se sont ainsi multipliés sur le territoire. Or beaucoup de ces sollicitations étaient des arnaques (voir en page 5).
Faiblesse
En allégeant le processus de contrôle des spécialités pharmaceutiques, notre circuit du médicament, habituellement très sécurisé, va peut-être voir arriver de nouveaux acteurs jusqu’ici inconnus.
Tout le monde sait qu’actuellement les hôpitaux et les cliniques engagés dans la lutte contre le Covid-19 sont à court de nombreuses molécules essentielles. Les rayons des pharmacies à usage intérieur deviennent désespérément vides, inquiétant médecins et pharmaciens au front dans cette guerre sanitaire.
Cette situation de faiblesse semble en tout cas un moment idéal pour l’émergence d’activités illicites autour de la production de faux médicaments. La décision de l’ANSM entraîne une diminution des contrôles au niveau des checkpoints essentiels du circuit.
Néanmoins, les pharmaciens disposent encore de quelques armes pour contrer les trafiquants. Tout d’abord, le procédé anti-effraction est maintenu. Ce dispositif de contrôle visuel assure que la boîte de médicament n’a pas été au préalable ouverte. Donc, avant toute dispensation, l’équipe pharmaceutique peut s’assurer de cette sécurité. Ensuite, l’expérience du pharmacien doit être sollicitée avant toute prise de décision. La connaissance du marché et des fournisseurs constituent en effet des munitions précieuses qu’il faudra utiliser en cas de doute.
Professionnels de la pharmacie, restez vigilants, même dans ces moments d’extrême tension. Votre rigueur et votre professionnalisme sont des qualités attendues par tous dans ce combat sanitaire.
* Directive européenne 2011/62/UE du 8 juin 2011 relative à la prévention de l’introduction dans la chaîne d’approvisionnement légale de médicaments falsifiés.
Source : ANSM https://ansm.sante.fr/Activites/Autorisations-d-ouverture-d-etablisseme…
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