Alors que la délivrance à l’unité refait surface, le syndicat USPO exhorte les députés à voter contre cette mesure jugée inutile et néfaste pour la profession.
Le projet de loi relatif « à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire », examiné à partir d’aujourd’hui par les députés comprend un article prévoyant la délivrance des médicaments à l’unité (DAU). Cet amendement, s’il venait à être voté, serait applicable au 1er janvier 2022.
Mais dans une vidéo, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) accuse la mesure « de déstructurer une politique de santé, et ce dans une approche sans concertation ».
Pour le syndicat, la délivrance à l’unité est inutile car, en France, le conditionnement des médicaments correspond au traitement : « 65 % des traitements pour maladies chroniques sont adaptés ». Ceci sera d’autant plus vrai en 2020, quand les fabricants seront obligés de conformer leur conditionnement à la durée du traitement sous peine d’amende. Autres mesures contre le gaspillage prévues en 2020 : la dispensation adaptée pour les médicaments à posologie variable, et le TROD angine qui visera à limiter le recours systématique aux antibiotiques.
« La dispensation à l’unité en France aurait un coût économique important », met en garde l’USPO. Sans compter ses répercussions sur l’iatrogénie et le mauvais usage. La délivrance à l’unité majorerait les risques de confusion dans le stockage à domicile et ne résoudrait en rien le gaspillage et l’observance. En revanche, grâce à la réforme de leur profession, les pharmaciens détiennent aujourd’hui toutes les clés pour lutter contre le gaspillage (déconnexion de la rémunération officinale du volume délivré), contre l’inobservance (entretiens pharmaceutiques, bilans partagés de médication…). Autant de raisons pour exhorter les députés à ne pas voter pour cet amendement.
Quant au Leem (Les entreprises du médicament), il estime, comme l'USPO, erroné le chiffre avancé par les députés : « on est loin, très loin des 1,5 kg de médicaments jetés chaque année par Français. D’après les derniers chiffres de Cyclamed, la quantité de médicaments recyclés par Français était de 162 grammes en 2018. » De plus, les fabricants estiment que la délivrance à l'unité générera un dispositif polluant, énergivore « qui va à rebours des objectifs environnementaux portés par le projet de loi contre le gaspillage ». Car pour dispenser à l’unité, les entreprises du médicament devraient en effet passer d’un blister « classique » à des blisters prédécoupés, susceptibles de générer 30 % de déchets supplémentaires (aluminium et PVC).
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