Ressemblances fortuites entre les boîtes, surdosages, interactions, confusion de noms : les risques d’erreurs ne sont pas négligeables lorsque le médicament en rupture doit être remplacé par un autre produit.
« Ces cas de figure peuvent être révélés a posteriori, mais aussi décelés en amont, par le pharmacien, au comptoir, dès la délivrance du produit. Ces erreurs, qu’elles soient évitées ou non, nous intéressent toutes puisqu’elles permettent d’identifier la source et le contexte de ces risques pour la santé du patient », décrit Aurélie Grandvuillemin, pharmacienne, praticienne hospitalière, responsable adjointe du centre régional de pharmacovigilance (CRPV) de Dijon et vice-présidente du réseau des CRPV.
Des pathologies aggravées
« Les pharmaciens, insiste-t-elle, sont un rempart essentiel contre ces risques iatrogènes surgissant dans le cas d’une rupture d’approvisionnement car ils sont les derniers interlocuteurs du patient quand le médicament change dans la même classe thérapeutique, dans une classe différence, mais aussi quand le dosage s’en trouve modifié, la forme galénique et/ou le conditionnement changés. Le médecin, quant à lui, intervient a posteriori. » Sans compter que des patients, faute d’alternative, peuvent être amenés à cesser leur traitement. Deux cas sont ainsi rappelés par Aurélie Grandvuillemin, dans lesquels la pathologie (une endométriose et une mastose) a été aggravée faute de chlormadinone « non officiellement répertoriée, mais qui correspond à une réalité de terrain ».
La contribution des officinaux est donc essentielle pour cerner les conséquences des ruptures et des tensions d’approvisionnement sur la santé des patients. L’association des CRPV les encourage par conséquent à intensifier leur contribution à l’étude CIRUPT (conséquence iatrogène d’une rupture de stock) lancée en janvier (voir « Le Quotidien du pharmacien » du 20 janvier 2020) en recensant les effets indésirables et les erreurs médicamenteuses en lien avec une rupture de stock. L’analyse de ces exemples et la synthèse de l’impact des ruptures en termes de santé publique feront l’objet d’une publication à l’échelle internationale. « Il n’existe pour l’instant aucune littérature scientifique sur le sujet, indique Aurélie Grandvuillemin, ce sera l’occasion pour la France de s’illustrer dans ce domaine. »
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