« ON ARRIVE à la fin des baisses de prix des médicaments. » Pour Gilles Johanet, président du comité économique des produits de santé (CEPS), le levier du prix des médicaments ne pourra plus être utilisé pour faire des économies, après les baisses de plus d’un milliard d’euros prévues en 2012. « On est en fond de cuve », a-t-il déclaré lors d’une conférence dans le cadre des Amphis de la santé. Pour lui, c’est « la fin d’un cycle, avec une source d’économie qui disparaît ». Le président du CEPS note que, « en France, le prix des médicaments est légèrement inférieur aux prix européens pour les princeps et légèrement supérieur pour les génériques. Mais les dépenses élevées de médicaments dans notre pays sont liées à la tendance des prescripteurs à prescrire les produits les plus chers », estime-t-il. Il incrimine notamment la visite médicale, qui pousserait les médecins à prescrire les produits chers. « Sur certains produits, nous pouvons tenter de limiter la prescription du "plus cher" à travers la future charte de la visite médicale », envisage-t-il. Le CEPS devra en effet fixer les objectifs d’évolution des pratiques de cette profession, suite à la publication de la réforme du médicament. Outre cette maîtrise des coûts en ville, Gilles Johanet souhaite aussi qu’« une logique de performance s’applique également à l’hôpital », dont il déplore notamment l’opacité sur les ristournes qui lui sont accordées.
Risque sur les génériques.
Au chapitre des génériques, le président du CEPS rappelle que, désormais, le prix d’un générique sera inférieur de 60 % par rapport à celui du princeps. « Même si la question de la politique du générique se pose, c’est un problème complexe, qui ne peut pas être réglé en trois coups de cuillère à pot », juge-t-il. Il évoque ainsi l’amendement du député Yves Bur sur les appels d’offres, proposé dans le cadre du PLFSS 2012. Il a « créé une tornade dans le secteur de la pharmacie, rappelle-t-il. C’est une vraie question qui doit être posée. Pour l’instant, la production française est privilégiée. Si on diminue encore le prix, on prend le risque de voir débarquer des "génériques de conteneurs" en provenance d’Inde ou de Chine ». Il rappelle que « les chaînes de productions sont impactées par la chute de brevets. Ce sont parfois les mêmes chaînes qui vont fabriquer le générique. Ce n’est pas le moment de les casser ».
Interrogé sur les ruptures d’approvisionnements, Gilles Johanet souligne qu’elles n’entrent pas dans son domaine de compétence, mais que, « au CEPS, nous devons faire attention pour que les baisses de prix des médicaments ne créent pas d’exportations parallèles ».
Enfin, Gilles Johanet indique que les négociations avec l’industrie pharmaceutique au sujet de l’accord-cadre sur le prix des médicaments démarreront au mois de mars. Les deux parties ont jusqu’au 31 décembre 2012 pour trouver un accord.
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