À l'occasion de la présentation de son nouveau biosimilaire Erelzi (étanercept), prévu pour être disponible à l'officine début décembre, le Laboratoire Sandoz s'est déclaré favorable, pour les biosimilaires, à l'interchangeabilité par les médecins en cours de traitement dès maintenant et à la substitution par les pharmaciens, mais pas tout de suite.
Selon le président France de Sandoz, Christophe Delenta, le développement des biosimilaires doit impérativement s'appuyer sur l'adhésion des médecins et commencer par la mise en pratique de l'interchangeabilité. Le positionnement des autorités sanitaires a largement évolué ces dernières années, et ce n'est que tout récemment que l'interchangeabilité (entre un biosimilaire et le médicament biologique de référence) est envisagée au cours du traitement d'un patient stabilisé. Comme le rappelle Muriel Paul, chef de pôle de la PUI du groupe hospitalier Henri Mondor à Créteil, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) s'opposait totalement à l'idée d'interchangeabilité il y a seulement quatre ans, avant de l'envisager comme possible en 2016, mais non souhaitable en cours de traitement. Depuis, la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2017 et des instructions de la Direction générale de l'offre de soins (DGOS) en août dernier ont validé le concept d'une interchangeabilité non seulement à l'initiation d'un traitement mais aussi au cours du traitement après stabilisation du patient.
Un grand pas pour Christophe Delenta : « C'est un moyen extrêmement important de développer les biosimilaires. Il est impératif que le médecin garde la main sur la prescription de biosimilaires avant d’imaginer que le pharmacien substitue demain. » Autrement dit, bien que la LFSS 2017 dans son article 96 prévoyait l'interchangeabilité et la substitution des biosimilaires (dont il manque le décret d'application), et malgré les réclamations des syndicats de pharmaciens (lire notre article « abonné »), il est encore trop tôt, aux yeux de Sandoz, pour mettre en œuvre la substitution par le pharmacien. Sinon, prédit Christophe Delenta, la situation d'acceptation des biosimilaires par les médecins risque de connaître les déconvenues des génériques en France pour lesquels le taux de pénétration « est seulement de 36 % en volume et 18-19 % en valeur alors que la substitution par le pharmacien est de 80 % ; parce que les médecins ne prescrivent qu'à hauteur de 45 % dans le répertoire génériques ».
Sandoz France veut donc d'abord acquérir l'adhésion des médecins pour les biosimilaires avant que les pharmaciens ne puissent substituer, de façon à ce que la substitution, « lorsqu'elle arrivera, et si elle arrive, puisse avoir un effet vraiment intéressant et important », grâce à une prescription dans le répertoire des médicaments biologiques. Un positionnement rare chez les génériqueurs (lire notre article « abonné »).
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