C’EST UN DE CES RECORDS dont on se passerait bien. L’Organisation mondiale des douanes (OMD) et l’Institut de recherche anti-contrefaçon de médicaments (IRACM) viennent de révéler le résultat d’une opération d’une ampleur sans précédent menée en avril dans 23 ports africains (10 jours d’action sur le terrain). La pêche a été exceptionnelle : 559 millions de doses de médicaments illicites ont été saisies, des produits « potentiellement dangereux voire mortels », précisent les deux organismes. Les douaniers ont également mis la main sur 500 millions d’appareils électroniques, 50 millions de cigarettes, 30 millions de produits alimentaires, 16 millions de pièces détachées pour l’automobile. Tous contrefaits. La prise est évaluée à 207 millions d’euros, rien que pour les médicaments. Il s’agit de la plus grosse saisie de médicaments jamais réalisée en une seule opération.
Un produit sur deux venait de Chine.
En octobre 2011, les mêmes organismes avaient mené une opération similaire dans 16 ports africains. À l’époque, « seulement » 82 millions de médicaments avaient été saisis. « Ces résultats montrent l’ampleur du trafic de médicaments en Afrique, et le danger qu’il fait peser sur la santé des patients », note l’OMD.
Parmi les médicaments saisis en avril, on trouve des antipaludéens, des antibiotiques, des anti-inflammatoires, des antidiabétiques, et mêmes des anticancéreux. Ils étaient le plus souvent stockés dans des conditions invraisemblables, entassés dans des conteneurs chauffés à plus de 60 degrés.
Si 23 pays étaient ciblés, un seul, la République démocratique du Congo (RDC) concentre près de 90 % des saisies. Le Togo, la Côte d’Ivoire, le Kénya, la Namibie, le Bénin, le Cameroun et l’Angola sont également touchés par ce « fléau mondial en pleine explosion ». Les prises ont été marginales dans les 15 autres pays. Quant à l’origine de ces produits contrefaits, 49 % venaient de Chine, 23 % des Émirats arabes unis, et 9 % d’Inde.
Faux documents sur les AMM.
« Cette prise est à la fois remarquable et problématique », analyse Kunio Mikuriya, secrétaire général de l’OMD. Remarquable par son ampleur, problématique par ce qu’elle révèle des pratiques des trafiquants.
Ceux-ci changent souvent de stratégie pour échapper aux contrôles, précise Christophe Zimmermann, coordinateur de la lutte anti-contrefaçon à l’OMD.
Si lors de la prise d’octobre 2011, une bonne part des produits saisis transitait sur des grosses compagnies maritimes, cette fois, c’est sur les petites compagnies que les plus prises majeures ont été faites. Les fraudeurs multiplient également les ports de transit, afin de brouiller les pistes sur le pays d’origine de la cargaison. Certaines prises étaient passées par six ports successifs. De plus, si les trafiquants font assaut d’ingéniosité pour contrefaire les produits, ils n’hésitent pas non plus à falsifier les documents. Certains médicaments saisis étaient accompagnés de faux certificats attestant de leur autorisation de mise sur le marché (AMM) estampillés par le ministère de la Santé chinois.
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