Selon les pharmaciens européens, les ruptures de stock se sont encore aggravées en 2019, et aucun pays n’a échappé au phénomène, comme le révèle l’enquête annuelle du Groupement pharmaceutique de l’Union européenne (GPUE), publiée le 28 janvier.
Selon les organisations nationales de pharmaciens interrogées par le GPUE, la situation a « empiré » dans 21 des 24 pays étudiés, et est restée stable dans les trois autres. Dans 80 % des cas, ce sont les médicaments des voies respiratoires, suivis des médicaments cardiovasculaires, gastro-entérologiques, ORL, ophtalmologiques et du système nerveux qui ont manqué, alors que les antimicrobiens et les médicaments biologiques n’ont fait défaut « que » dans 60 % des cas.
Les pharmaciens estiment unanimement que les ruptures de stock constituent une source de désagrément et d’inconfort pour leurs patients, 18 pays sur 24 observant en outre qu’elles favorisent les abandons des traitements. Dans la moitié des pays interrogés, les ruptures de stock occasionnent aussi des dépenses accrues pour les patients, qui doivent souvent retourner consulter un médecin pour cette raison, comme l’a souligné notamment la France.
Pour les pharmaciens, les ruptures de stock se traduisent par des pertes de temps consacré à la recherche d’alternatives. Elles font perdre en moyenne 6,6 heures de travail par semaine à chaque pharmacie, soit une heure de plus qu’en 2018. Ce temps perdu varie, selon les pays, de deux heures à 15 heures par semaine en moyenne. Cela se traduit par des pertes financières, liées aussi à l’obligation d’acheter des médicaments plus chers qu’auprès des fournisseurs habituels, avec de moins bonnes conditions.
En outre, les pharmaciens de 22 pays sur 24 considèrent que le phénomène « nuit à la qualité de la relation entre le pharmacien et son patient » et, dans 19 pays, « dégrade les relations professionnelles au sein de l’officine ».
La substitution générique (non autorisée partout), l’achat du médicament auprès d’une autre source autorisée ou la délivrance du même produit à un autre dosage constituent les réponses les plus fréquentes des pharmaciens en cas de rupture de stock.
Pour le président du GPUE, Duarte Santos, officinal portugais, ces chiffres montrent non seulement une aggravation des ruptures de stock, mais aussi l’insuffisance des réponses apportées dans certains pays à la situation, tant en matière d’information que d’alternatives. « Nous appelons les autorités compétentes à prendre des mesures efficaces face à une situation qui devient insupportable et inacceptable pour les patients comme pour les professionnels de santé », a-t-il déclaré.
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