La crise du Covid-19 a relégué au second plan un grand nombre de travaux en cours, mais a aussi exacerbé la problématique de la pénurie de médicaments. Ce n’est pas faute d’avoir alerté sur les risques d’une délocalisation à outrance, comme l’a fait l’Académie nationale de pharmacie qui, en février dernier, en était à son quatrième appel du pied sur le sujet depuis 2011. Mais alors que l’épidémie de Covid-19 s’étend et que la Chine a fermé ses usines et ses frontières, elle obtient l’attention des autorités. Les citoyens découvrent alors que 80 % des médicaments vendus en Europe et aux États-Unis sont fabriqués à partir de principes actifs importés d’Inde et de Chine. Et sans matière première, pas de médicament… À la mi-mars, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire le reconnaît : il n’est ni raisonnable, ni responsable, de continuer à être aussi dépendant de l’Asie. La relocalisation est alors sur toutes les lèvres. Mais comment la mettre en œuvre ?
Les premières mesures favorisant le retour de certaines productions en France et en Europe ont été annoncées la semaine dernière. Le président de la République, Emmanuel Macron, a promis, le 16 juin, de débloquer « une première enveloppe de 200 millions d’euros » lors d’une visite sur le site lyonnais de Sanofi Pasteur et a annoncé le lancement, dès le 18 juin, d’une « initiative de relocalisation de certaines productions critiques ». Et c’est chose faite. Au premier rang de ces relocalisations : l’ensemble de la chaîne de production du paracétamol. C’est l’annonce faite à la sortie d’une réunion du Comité stratégique de filière (CSF) industrie et technologies de santé, par le ministre de la Santé, Olivier Véran, et la secrétaire d’État auprès du ministère de l’Économie, Agnès Pannier-Runacher : « Des travaux sont engagés avec Seqens, UPSA et Sanofi pour que, d’ici à trois ans, la France soit en mesure de produire, conditionner et distribuer du paracétamol. »
Plan de relance
La reconquête de la souveraineté industrielle et sanitaire de la France ne s’arrête pas au paracétamol. Un appel à manifestation d’intérêt (AMI) doté de 120 millions d’euros par le programme d’investissements d’avenir (PIA) a été publié le 18 juin afin d’identifier les projets permettant de « faire croître très rapidement la production de médicaments impliqués dans la prise en charge des patients atteints de la COVID-19 ». L’enveloppe de 200 millions d’euros concerne les seuls projets lancés en 2020, elle sera « amplifiée en 2021 pour financer de nouveaux projets », ajoutent les deux ministères.
Le LEEM annonce qu’il contribuera « activement au plan de relance industrielle qui sera rendu public par le président de la République mi-juillet ». Il sera attentif à ce qu’il aborde les problématiques du secteur de façon globale, sans oublier « les enjeux de compétitivité de la chaîne de valeur, afin d’accroître les capacités d’autonomie européenne et française en matière d’approvisionnement en produits de santé », ainsi que les « enjeux d’attractivité, dans la mesure où toutes les dimensions de l’activité pharmaceutique doivent être intégrées dans une stratégie d’ensemble : recherche clinique, production et accès des patients aux médicaments, notamment les plus innovants ».
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