Les restrictions des conditions de prescription et de délivrance de la prégabaline instaurées en 2021 ont permis de diminuer le nombre de personnes ayant recours à cette molécule qui peut entraîner addiction et mésusage. Toutefois, on observe un report vers la gabapentine.
Depuis mai 2021, la prégabaline ne peut être obtenue que sur ordonnance sécurisée et pour une durée maximale de 6 mois, afin de limiter son mésusage croissant depuis 2014. Des restrictions qui ont eu un impact positif, selon le dernier compte rendu du Comité scientifique permanent « psychotropes, stupéfiants et addictions » de l’agence du médicament. En effet, entre janvier 2020 et juin 2022, on observe une diminution significative du nombre d’utilisateurs et de la quantité de boîtes vendues (environ 10 000 conditionnements en ville en moins dès le mois de juin 2021 par rapport à mai 2021). On note également moins d’ordonnances suspectes avec de la prégabaline. Par ailleurs, « de plus en plus de pharmacies refusent de délivrer ce médicament et contactent le médecin pour s’assurer de la validité de la prescription », ajoute un membre du comité.
Malgré la modification des conditions de prescription et de délivrance, « le nombre de cas d’abus et de dépendance rapportés augmente. Avec, néanmoins, une proportion de cas graves qui reste stable et une proportion de sujets mineurs qui diminue », observe le comité. Ainsi, on note 492 notifications de cas d’abus, mésusage ou complications avec la prégabaline depuis les nouvelles règles de 2021 jusqu'en juin 2022, alors qu'on recensait 234 prises en charge hospitalières pour surdosage ou sevrage en 2019, 106 en 2018 et 18 en 2016. De plus, le nombre de décès impliquant la prégabaline a progressé en 2020, même s'il reste faible. « La substance est impliquée (seule ou en polyconsommation) dans 12 décès en 2020, contre 7 en 2019 et 6 en 2018. Les données complètes concernant les décès en 2021 ne sont pas encore disponibles, mais 4 décès sont déjà répertoriés après le 24 mai 2021 », rapportent les experts.
Enfin, le comité fait état d’une autre conséquence de la diminution du nombre d’utilisateurs de prégabaline : une augmentation de l’exposition à la gabapentine. On observe ainsi une baisse de 6,9 % d’utilisateurs de prégabaline en 2021 versus 2020, mais une augmentation de 24,4 % d’utilisateurs de gabapentine en 2021 versus 2020.
Pour ces raisons, « la surveillance de la prégabaline doit d’être maintenue de façon rapprochée, en parallèle avec celle de la gabapentine », a conclu le comité.
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