Après une année « molle » en 2018, les génériqueurs déplorent une année « plate » pour 2020, alors que les contraintes se multiplient tout comme les baisses de prix. Avec l’entrée en application de l’article 66 de la loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2019 au 1er janvier dernier, et seulement une dizaine de lancements prévus cette année, les perspectives pour 2020 sont limitées.
Le GEMME* appelle le gouvernement à adopter au plus vite des mesures concertées en faveur du médicament générique. Car le marché est « en état d’urgence ». Comme en 2018, le marché est resté atone en 2019 : +1,3 % en volume (920 millions de boîtes), +0,9 % en valeur (3,615 milliards d’euros). Mais cette légère progression « masque la décroissance de produits anciens », souligne Pascal Brière, vice-président aux affaires économiques du GEMME. À périmètre constant, c’est-à-dire sans compter les génériques lancés en 2019, le marché est en involution. En cause : les constantes baisses de prix que le secteur subit : plus de 108 millions d’euros en 2019, soit plus de 1,1 milliard d’euros de baisses de prix cumulées depuis 2013. En moyenne, cela représente une baisse de prix de 4,5 % chaque année. Preuve en est, le prix moyen d’une boîte de médicament générique est passé de 4,50 euros en 2012 à 3,81 euros en 2019.
En outre, les génériqueurs sont impactés par des contraintes grandissantes. La dernière en date : l’adaptation à la mise en place de la sérialisation. « Le surcoût est de 5 à 7 centimes par boîte alors même que la pratique n’est toujours pas en place à l’officine », ajoute Pascal Brière. De plus, la LFSS 2020 instaure de nouvelles obligations, et des sanctions associées, pour limiter les ruptures de stock. « Il est inacceptable et insupportable de ne pas trouver le médicament dont on a besoin et le GEMME est favorable aux mesures du gouvernement contre les ruptures de stock. Cependant, les sanctions envisagées fragilisent encore la dynamique du générique », explique Stéphane Joly, président du GEMME.
Les difficultés sont telles que « faire notre métier devient très compliqué », avoue Pascal Brière. Une situation vécue comme une injustice alors qu’en 2019, les économies réalisées grâce aux génériques s’élèvent à plus de 3 milliards d’euros. Dans ce contexte, l’entrée en vigueur de l’article 66 de la LFSS 2019 concernant les règles du non substituable, et l’alignement des prix de plusieurs princeps sur leurs génériques comme cela avait été prédit et redouté aussi bien par les génériqueurs que par les pharmaciens, équivaut à un coup de poignard. « On ne peut pas rester les bras croisés face à cette situation. Il y a un arrêté ministériel, actuellement en attente, qui prévoit d’empêcher tout alignement de prix pendant les 24 mois qui suivent le lancement d’un générique, de façon à ce qu’il y ait un intérêt à le lancer et à ne pas tarir le marché. Il faut que cet arrêté sorte le plus rapidement possible », indique Christophe Delenta, vice-président du GEMME chargé de l’hôpital et des biosimilaires. Une urgence pour protéger les prochains lancements, mais aussi les génériques sur le marché depuis moins de 24 mois. « Cet arrêté permettrait de protéger 90 groupes génériques », précise Pascal Brière.
À noter que depuis les alignements de prix au 15 janvier de plusieurs médicaments d’origine sur leurs génériques, d’autres demandes ont été faites dans ce sens au Comité économique des produits de santé (CEPS), qui ne semble pas avoir donné suite.
* Le GEMME réunit 26 industriels des médicaments génériques et biosimilaires. Il représente 90 % du marché du générique et 60 % du marché du biosimilaire en France.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %