DEPUIS 2012, les ruptures d’approvisionnement sont de plus en plus nombreuses. Elles sont passées de 44 en 2008 à 173 en 2012, et à plus de 200 en 2013. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a recensé 324 ruptures de stock et 103 risques de ruptures de médicaments, entre septembre 2012 et octobre 2013. Longtemps, industriels et grossistes-répartiteurs se sont renvoyé la balle sur la cause du problème. Les laboratoires accusaient les grossistes de pratiquer des exportations parallèles dans des pays plus rentables au lieu de fournir le marché français et ces derniers rétorquaient que les politiques de contingentement de médicaments mises en place par les laboratoires étaient la raison des ruptures. Finalement, les acteurs de la chaîne du médicament ont décidé d’enterrer la hache de guerre, chacun convenant que les causes des ruptures étaient multifactorielles.
Sous la pression des pouvoirs publics, des mesures concrètes ont été élaborées pour pallier ces ruptures. Les grossistes-répartiteurs et les laboratoires ont notamment mis en place des stocks tampons afin d’absorber plus facilement la rupture d’un produit et un numéro d’urgence a été mis à la disposition des pharmaciens afin de dépanner les officines dans un délai très court, entre 24 et 48 heures. « Cela a permis de modifier la typologie de ruptures d’approvisionnement, reconnaît Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Au début, elles concernaient souvent des produits sensibles, pour lesquels nous n’avions pas d’alternative thérapeutique. Désormais, nous avons remarqué que des efforts très clairs ont été réalisés sur ces médicaments. En revanche, les ruptures sont plus nombreuses sur des produits plus classiques. Heureusement, pour ces produits nous disposons d’alternatives thérapeutiques à proposer aux patients. »
Philippe Gaertner met cependant en garde contre le risque que les contraintes économiques pourraient faire peser sur la chaîne du médicament, et donc sur les ruptures. « Les restrictions économiques influent sur la capacité de stockage des acteurs de la chaîne du médicament, pointe-t-il. Quand on resserre les prix, on est à flux tendu et on fait moins de stocks. Il ne faut pas sous-estimer l’impact économique de certaines décisions prises par l’État, par exemple la suppression de la vignette pharmaceutique au 1er juillet prochain. »
Le directeur général du LEEM, Philippe Lamoureux, déclare que les industriels du médicament seront « très attentifs à l’impact de la suppression de la vignette ». Il déplore que « la France soit le seul pays européen à organiser la contraction de son marché du médicament, alors que la demande mondiale augmente de 6 % par an et que les marchés allemand, britannique et italien sont en croissance. Pendant ce temps, en France, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, nous promet un tunnel de trois ans avec 3,5 milliards d’euros de baisses de prix. Il y a un risque que nous allions vers une dégradation de la chaîne d’approvisionnement, s’alarme-t-il. En effet, quand les prix deviennent très bas, le seuil de rentabilité n’est plus atteint et la production s’arrête ». Il reconnaît cependant que les pays qui n’appliquent pas de mesures d’économies, comme les États-Unis, sont également confrontés à des ruptures d’approvisionnement. Pour le LEEM, les ruptures sont dues à un « faisceau de causes », et seul un « faisceau de mesures, touchant individuellement chaque acteur dans son domaine de compétences et l’ensemble de la chaîne solidairement dans son fonctionnement », pourra venir à bout de ce problème.
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