Une dizaine d'associations ont envoyé une lettre aux autorités hier pour réclamer la mise à disposition de l'antidote sous forme de spray nasal Nalscue (naloxone) dans les pharmacies d'officine. Et son maintien sur le marché français alors que, faute d'accord sur son prix, le laboratoire a annoncé l'arrêt de sa fabrication.
L'arrivée du premier antidote aux overdoses aux opiacés sous forme de spray nasal avait été unanimement saluée par tous les professionnels de santé et médico-sociaux. Recommandé par l'Organisation mondiale de la santé, Nalscue a été mis à disposition en France au plus tôt, par le biais d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) de cohorte dès juin 2016. Déjà à l'époque, l'ONG Médecins du Monde s'était élevée contre une mise à disposition trop restreinte. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait en effet limité sa prescription médicale aux médecins exerçant en centres de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), dans les services d'addictologie et des urgences à l'hôpital, et en unité sanitaire en milieu pénitentiaire.
En décembre 2016, l'ANSM avait quelque peu élargi la mise à disposition de Nalscue, avant de lui octroyer à l'été 2017 son autorisation de mise sur le marché (AMM) valable à partir de janvier 2018. Mais en octobre de la même année, le laboratoire Indivior ressort bredouille des négociations sur son prix avec le Comité économique des produits de santé (CEPS). La mise à disposition en officine de ville n'est plus repoussée mais annulée. Son inscription au tableau d'honneur de « Prescrire » pour l'année 2018 n'y changera rien. Pire, le Laboratoire Indivior annonce en avril dernier qu'il arrête sa fabrication et que Nalscue ne sera plus disponible après écoulement des stocks, au plus tard à partir de décembre 2020, date de péremption des derniers lots fabriqués. En cause ? Une négociation de prix trop bas, une mise à disposition trop restreinte limitant son utilisation et l'arrivée sur le marché de Prenoxad, un antidote de naloxone en version injectable qui, lui, est disponible en officine.
Une situation « inadmissible », pour Hélène Delaquaize, vice-présidente de France Patients Experts Addictions : « Pourquoi ce spray n'est-il pas accessible alors que le nombre d'overdoses est en train d'augmenter ? On a une chance de sauver des vies et on ne le fait pas. » Même son de cloche chez Aides, Fédération Addiction, Médecins du Monde… « Ce médicament, il nous le faut ! » La Direction générale de la santé (DGS) a indiqué de son côté que les associations pouvaient être auditionnées à leur demande. Quant à l'ANSM, elle rappelle que trois autres solutions pour pulvérisation nasale en récipients unidoses ont obtenu leur AMM européenne et ne devraient plus tarder à être commercialisées : Nyxoïd 1,8 mg, Naloxone Adapt 1,8 mg et 3,6 mg et Ventizolve 1,26 mg (lire notre article « abonné »).
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