Le baromètre* de l’AFIPA** pour 2016 dévoile une croissance de 4,6 % en valeur, tirée à la fois par les compléments alimentaires (+9,3 %), les dispositifs médicaux (+5 %) et les médicaments non prescrits (+3,3 %). Alors que le chiffre d’affaires total de l’officine progresse de 2 %, à 36,2 milliards d’euros, les produits de prescription peinent encore avec une croissance à 1,5 %, même s'ils représentent toujours 80 % des parts de marché.
Le marché du médicament prescrit croît légèrement de 0,7 % en 2016. Le hors prescription, quant à lui, dépasse désormais les 7 milliards d’euros, soit une hausse de 3,9 % par rapport à l’exercice 2015. Le seul marché du selfcare représente 10,7 % du chiffre d’affaires total de l’officine et contribue à hauteur de 25 % à sa croissance. « C’est le signe d’une pratique largement adoptée par les Français qui choisissent le selfcare comme solution de santé de premier recours », note Dominique Giulini, président de l’AFIPA. Un comportement notamment observé lors des grèves de médecins et des pics épidémiques.
Ce sont toujours les pathologies hivernales qui portent le marché. Les produits dédiés aux voies respiratoires occupent la plus grande part des ventes, avec un chiffre d’affaires de 708 millions d’euros (+3,7 %), dont 534 millions d’euros pour les seuls médicaments (+5 %), suivis par les antalgiques (580 millions d’euros, +8,9 %), et les produits des voies digestives (434 millions d’euros, +11 %). Concernant spécifiquement les médicaments non prescrits, ce sont les non-remboursables qui tirent le marché vers le haut avec un chiffre d’affaires de 1,8 milliard d’euros (+4,6 %), tandis que les remboursables non prescrits affichent une légère baisse de 1,3 % à 476 millions d’euros.
Davantage de délistages
Le top 10 des laboratoires d’automédication représente 59,5 % du marché. Le peloton de tête est occupé par les français Boiron et Sanofi, portés par leurs marques respectives Oscillococcinum et Doliprane, suivis par Bristol Myers-Squibb/UPSA (Fervex). Les deux autres Français du top 10, la Cooper et Pierre Fabre Santé, arrivent en 7e et 8e places. Malgré ces performances, le marché du selfcare reste peu développé en France, en comparaison avec ses voisins européens, alors même que les prix pratiqués dans l'Hexagone sont des plus raisonnables. En effet, le prix moyen français est de 4,74 euros versus un prix européen moyen de 6,20 euros. Un « sous-développement » du marché qui s’explique, pour l’AFIPA, par l’absence de certains traitements d’automédication en France, alors qu’ils sont disponibles sans ordonnance dans d’autres pays. « Nous continuons à réclamer des délistages dans la rhinite allergique, l’asthme, la nausée… », précise Dominique Giulini. D’autant que les professionnels de santé voient l’automédication comme une réponse efficace pour réduire les dépenses de l’assurance-maladie dès lors que la pratique est encadrée, tout en permettant de désengorger les cabinets médicaux pour qu’ils se consacrent à des problèmes de santé plus lourds ou chroniques.
Une étude IPSOS pour l’AFIPA, réalisée en décembre dernier, souligne que 98 % des pharmaciens préconisent une campagne d’information pour développer l’automédication. Une revendication entendue par l’AFIPA qui a lancé une grande communication l’an passée et renouvelle l’expérience à partir du 13 février. Sa signature : « Selfcare et automédication ne sont pas des gros maux ». Les candidats à l’élection présidentielle sont directement interpellés par l’envoi d’une lettre ouverte accompagnée d’une boîte de médicaments factice « pour soigner les maux de notre système de santé » et de sa notice. La lettre ouverte sera publiée dans plusieurs quotidiens nationaux. Parallèlement, commencera une campagne radio sous la forme de huit « histoires incongrues ». « Nous réclamons de longue date une campagne menée par le gouvernement sur le sujet, rappelle Dominique Giulini, mais ne voyant rien venir, nous avons pris les devants. »
* Le baromètre s’appuie sur le suivi en temps réel des ventes de l’ensemble des références vendues en officine par le panel OpenHealth Company (ex-Celtipharm), qui inclut 7 430 pharmacies représentatives du réseau officinal de la métropole hors Corse.
** Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable.
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