Et de quatre. L’ouverture du dernier Médicament info service (MIS) à Cannes, le 18 avril, signe la mise en place d’un dispositif expérimental décidé par le ministère de la Santé pour une meilleure information sur le médicament. À la différence de ce MIS exclusivement réservé aux patients (voir encadré), trois autres destinés aux professionnels de santé, ont déjà été inaugurés. Depuis l’automne dernier, le téléphone sonne à Lyon, Brest et Rouen (1). Au bout du fil, des médecins, des pharmaciens, des infirmiers ou encore des manipulateurs radio. Au bout de la ligne, des pharmaciens hospitaliers, spécialisés dans l’information sur le médicament.
Conçu sur les modèles britannique et australien, le fonctionnement de ces MIS est assuré par les OMéDIT(2) des régions Rhône-Alpes, Bretagne et Normandie, en coopération avec la Société française de pharmacie clinique (SFPC) et des acteurs locaux hospitaliers, avec le soutien de la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). Dans la plupart des cas, il s’agit d’une mutualisation de compétences présentes sur le terrain.
Un service 24/24, 7/7
Le succès de ces trois lignes témoigne du besoin des professionnels de santé de disposer de leur propre hotline. Ils peuvent ainsi saisir un professionnel du médicament à toute heure du jour, et même de la nuit en ce qui concerne le MIS de Lyon. Car, comme l’expose Catherine Stamm, pharmacienne coordinatrice de l’OMéDIT Rhône-Alpes, structure en charge du pilotage du MIS de la région, « le fonctionnement du MIS Rhône-Alpes s’appuie à ce jour, et dans le cadre de l’expérimentation en cours, sur trois entités : le Centre de documentation et d’information pharmaceutique (CDIP) des Hospices civils de Lyon et les CRPV/CAPTV(3) de Lyon. Il peut ainsi être joignable 24/24,7/7, ce qui est unique dans le cadre de l’expérimentation en cours. Il permet, grâce à un périmètre d’expertise complémentaire sur les produits de santé, de fournir une réponse pertinente dans les meilleurs délais aux professionnels de santé ».
En pratique, les professionnels interrogent les MIS pour des modalités d’administration du médicament, des questions sur le statut du produit et sa prise en charge, des cas spécifiques à la prise par les enfants lorsque les modalités sont absentes des RCP… Ou encore, comme le constate Constance Loue, pharmacienne qui assure la permanence au MIS de Rouen, « pour des interrogations sur la prise en charge ou la posologie hors AMM ». « Certaines questions nous parviennent lorsque les données sur les produits sont limitées ou complexes : utilisation en cas de grossesse ou d’allaitement, par exemple, ou encore, en cas d’ATU ou de post-ATU », complète Catherine Stamm. Les appels concernant la pharmacovigilance sont en revanche transférés aux centres dédiés.
À Brest, cinq mois après sa mise en service, le MIS compte autant d’interlocuteurs libéraux qu’hospitaliers. Dans les deux autres MIS, ces derniers sont encore à l’origine de 90 % des appels. « Nous recevons pour l’instant majoritairement des appels de pharmaciens hospitaliers et de professionnels issus de structures sanitaires ou médico-sociales. Certains appels émanent de professionnels infirmiers intervenant auprès de patients pris en charge en HAD(4) et qui peuvent être démunis face à certaines prescriptions. Nous comptons également quelques appels de manipulateurs d’électroradiologie du secteur libéral qui nous posent des questions sur les dispositifs médicaux, par exemple », constate le MIS de Lyon.
De plus en plus d’officinaux
Si 47 % des appels émanent de pharmaciens, les officinaux restent marginaux. Catherine Stamm l’explique par un réflexe ancré dans la pratique officinale : « Les pharmaciens d’officine interrogent habituellement les pharmaciens hospitaliers des établissements dont sont issues les prescriptions. » Ce constat ne fait qu’inciter les MIS à intensifier leur communication. « Nous avons le soutien des grossistes-répartiteurs qui joignent notre affiche aux caisses de médicaments à destination des pharmaciens d’officine », explique Constance Loue, qui observe depuis peu une montée en puissance d’appels en provenance de professionnels de ville. De même, le MIS Rouen reçoit le soutien de l’Ordre des pharmaciens qui n’hésite pas à présenter le service lors de la remise des diplômes de sixième année.
À terme, les MIS devraient gagner en notoriété auprès des pharmaciens d’officine comme chez les autres professionnels de santé de ville, grâce au relais des ARS, des URPS et des syndicats professionnels. Du reste, les MIS ont déjà leurs fidèles. À l’heure des plateformes et des forums sur le Web, la hotline semble répondre à un réel besoin. Celui d’un échange entre pairs, et en temps réel. « Il semblerait que le professionnel de santé trouve dans ce service Questions/Réponses des réponses rapides, adaptées et pertinentes à ses questions, ce qui, dans le cadre d’un exercice professionnel contraint, constitue un plus par rapport à d’autres sources d’informations », confirme Catherine Stamm.
Le cadre expérimental dans lequel évoluent ces premiers MIS comporte l’avantage de pouvoir ajuster leur fonctionnement et leurs méthodes au regard de l’expérience, comme s’en félicitent Gilles Piriou, coordinateur de l’OMéDIT Bretagne, et Rémi Varin, président de la SFPC. De même, chaque question est renseignée et les réponses donnent lieu à une traçabilité quant à leur contenu et leurs délais. L’ensemble de ces données, colligées par les quatre MIS, alimente une base de données qui sera consultable par l’ensemble du réseau.
D’ores et déjà, les MIS partagent leur expérience. À la fin de la semaine, elles diffuseront dans les URPS, leur premier bulletin rédigé à partir des questions/réponses les plus récurrentes. Le numéro 2 est déjà annoncé pour fin juin.
(2) OMéDIT : Observatoire des Médicaments, dispositifs médicaux et innovations thérapeutiques.
(3) CRPV/CAPTV : Centre régional de pharmacovigilance / Centre antipoison et de toxicovigilance.
(4) HAD : hospitalisation à domicile
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