APRÈS les polémiques sur le générique et sur les entretiens pharmaceutiques, décriés dans un premier temps par les médecins, l’heure est à l’apaisement. À l’initiative de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAMTS), médecins et pharmaciens se sont réunis autour d’une table pour parler de coopération interprofessionnelle et d’un accord conventionnel tripartite pharmaciens-médecins-CNAMTS. Les discussions portent sur l’accompagnement des patients sous traitements anticoagulants oraux par le pharmacien, ainsi que sur la prescription et la dispensation des médicaments génériques.
Concernant les génériques, « contrairement à certaines affirmations erronées émanant d’une partie de l’industrie pharmaceutique et de certaines organisations, les médecins jouent bien le jeu de la prescription générique », indiquent, dans un communiqué commun, la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et le Syndicat des médecins libéraux (SML). « Dans plus de 95 % des cas ils ne s’y opposent pas et moins de 5 % des ordonnances comportent la mention "non substituable", utilisée en fonction de l’intérêt des patients, notamment pour s’assurer du bon suivi du traitement », poursuivent les syndicats. Ils indiquent avoir « réaffirmé leur engagement dans l’utilisation des médicaments génériques, laquelle constitue un objectif commun aux conventions des deux professions via les nouveaux modes de rémunération sur objectifs de santé publique, dits "à la performance". »
« Le premier dossier urgent concerne les génériques, confirme Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), qui a tenu une conférence commune avec Claude Leicher, président de MG France. L’ambition est de conclure rapidement un accord sur les génériques, interprofessionnel, conventionnel et applicable au niveau national. » Avant tout, les syndicalistes veulent « éviter les sujets de division. La coopération médecins-pharmaciens est importante car nous voyons à nous tous passer quasiment 100 % de la population chaque année », souligne Claude Leicher.
Charte de bonnes pratiques.
Pharmaciens et médecins se sont d’ores et déjà accordés sur quatre points : « L’exigence d’une communication partagée entre le pharmacien et le médecin ; la nécessité d’une action de communication commune de présentation du dispositif ; le soutien à la politique du générique et le fait que le pharmacien n’est pas habilité à modifier un traitement de sa propre initiative (seul le médecin peut le faire). »
Second chantier en discussion, le suivi des patients sous anticoagulants oraux. « Il faut un protocole élaboré par les professionnels, estime le président de l’USPO. Il faudra en définir le contenu, mais aussi mettre en place des outils pour que médecins et pharmaciens puissent communiquer de façon sécurisée. » L’accompagnement par le pharmacien « prévoit un entretien pharmaceutique à l’initiation du traitement, ainsi que deux entretiens annuels, dès lors que le patient habituel d’un pharmacien a donné son accord », rappellent les syndicats, qui indiquent que ces entretiens sont destinés à « faire le point sur l’observance, favoriser l’adhésion au traitement et éviter les accidents iatrogènes ». Cependant « à aucun moment la convention pharmaceutique n’a envisagé la modification du traitement de la propre initiative du pharmacien, insistent les représentants des médecins et des pharmaciens. Le dispositif d’accompagnement prévoit un retour d’information réciproque entre le pharmacien et le médecin. Sans cette communication, il ne fonctionnerait pas et perdrait son utilité », déclarent-ils.
Un groupe de travail a été constitué afin d’élaborer les modalités d’un « accompagnement adapté ». Il doit déboucher sur une charte de bonnes pratiques entre médecins et pharmaciens. Ces derniers devront également élaborer les documents communs de présentation du dispositif aux médecins, pharmaciens et aux patients. La première réunion est prévue dans le courant du mois. « Le premier recours en France est le point faible de notre pays, constate Claude Leicher. Il faut vraiment que nous nous organisions entre professionnels de premiers recours, notamment médecins généralistes et pharmaciens, afin de faire un bon usage du système de soins. Nous attendons aussi de la part des politiques un réinvestissement nécessaire dans les soins de premier recours », conclut-il. À bon entendeur…
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