C’EST OFFICIEL depuis le 14 août dernier, les médecins italiens doivent désormais spécifier le nom de la molécule en DCI sur les ordonnances. Une mesure inscrite par le gouvernement Monti dans son programme de réduction des dépenses publiques, la fameuse spending review, comme l’appellent les technocrates de l’exécutif italien. Ce dispositif vise à favoriser le marché des génériques, moitié moins chers que les princeps au niveau des remboursements.
Reste que, en introduisant cette mesure, le président du Conseil italien, Mario Monti, s’est attiré les foudres des laboratoires pharmaceutiques. Pourtant, l’ancien commissaire européen chargé de la concurrence qui plaidait déjà en faveur des génériques en 2001, avait appelé à la réconciliation en adoucissant son dispositif début août. Pour pouvoir prescrire un médicament princeps, les médecins et les spécialistes devront donc désormais justifier leur décision sur les prescriptions. En clair, ils devront expliquer que le patient suit déjà un traitement pharmacologique précis.
Du coup, les laboratoires menacent déjà de plier bagages. « L’idéologie anti-industrielle du gouvernement va nous obliger à fermer boutique et à délocaliser ! » s’énerve Massimo Scaccabarozzi, président de Farmindustria. Selon le patron de l’association italienne des industries du médicament, cette mesure n’aura aucun effet sur les comptes de la Sécurité sociale qui crie famine. Elle risque au contraire de déstabiliser un secteur qui compte 130 000 emplois, dont la moitié fortement qualifiée, et représente 2,4 milliards d’euros d’investissements annuels.
Instaurer la concurrence.
Avec un taux de substitution de 32,2 %, le marché des génériques a du mal à décoller en Italie. Un peu par manque de publicité, mais aussi par un manque de confiance, alimenté par certains pharmaciens qui remettent en question leur efficacité. « Ce n’est pas parce qu’ils coûtent moins cher qu’ils ne sont pas efficaces. Les propriétés pharmacocinétiques sont généralement équivalentes. Personne n’a jamais été soigné avec des marques ! », rétorque le pharmacologue Silvio Gattarini. Moins cher, l’argument devrait pourtant séduire les Italiens, étranglés par une crise économique sans précédent. En acceptant les génériques, le consommateur ne paye rien, alors qu’il paye le ticket modérateur dont le montant est fixé à 4 euros pour chaque boîte de médicament princeps.
Tandis que Farmindustria promet de livrer bataille, de l’autre coté de la barricade on se frotte les mains. « Enfin de la vraie concurrence ! Les laboratoires pharmaceutiques « de marque » vont devoir revoir les prix de leurs médicaments à la baisse et leur marge de manœuvre sur les médecins sera considérablement restreinte », affirme Giorgio Foresti, président de Assogenerici, l’association des producteurs de génériques.
La balle est désormais dans le camp des médecins qui n’apprécient pas ce dispositif. « C’est insensé, nous sommes réduits à l’état de scribouillards. Tout dépendra désormais du pharmacien qui aura les mains libres pour favoriser un producteur de générique plutôt qu’un autre » s’insurge Alessandro Sabatini. Ce médecin de famille installé dans un quartier de banlieue aisé de Rome, est contre les génériques. « Certes, la molécule est identique. Mais plusieurs produits ont déjà été retirés du marché car ils ne fonctionnaient pas par rapport au princeps. Les dosages ne sont pas toujours identiques, donc bien ciblés », croit savoir Alessandro Sabatini.
Du côté des pharmaciens en revanche, les réactions sont mitigées. Certains approuvent et ont déjà commencé à proposer plusieurs marques de génériques à leur clientèle en remplacement du princeps. D’autre, en revanche, conseillent à leur client d’éviter les produits de substitution. Mais selon les associations de secteur, la plupart des titulaires d’officine seraient favorables au dispositif car ils estimeraient qu’il laisse finalement le choix au consommateur.
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