PLUS DE QUATRE personnes de seize ans et plus sur dix sont atteintes de polypathologies chroniques, selon l’Enquête santé protection sociale (ESPS) de 2008. Polypathologie et polymédication sont des phénomènes qui surviennent bien avant 65 ans chez bon nombre de patients. Une étude expérimentale baptisée « Polychrome » et publiée par l’IRDES (Institut de recherche et documentation en économie de la santé) dans « Questions d’économie de la Santé » d’août 2010 a analysé les risques iatrogéniques potentiels de 105 ordonnances de généralistes sélectionnées aléatoirement. Selon les résultats de ce travail, près des deux tiers des ordonnances destinées à des patients atteints de polypathologies présentent au moins une contre-indication et/ou une interaction médicamenteuse. L’étude relativise cependant ce pourcentage en indiquant que les contre-indications ou interactions « potentiellement graves » ne concernent que 6 % du total des prescriptions examinées.
Onze prescriptions emblématiques de ces contre-indications ou interactions ont ensuite été analysées par des médecins et des pharmacologues dans le but de les optimiser. Ils ont modifié 80 % des lignes de médicaments prescrites, soit en arrêtant un traitement (17 % des cas), soit en lui substituant un autre médicament ou une thérapeutique non médicamenteuse (11 % des cas), soit en modifiant la rédaction de l’ordonnance en raison d’imprécisions sur la posologie (52 % des cas).
Au final, indique l’IRDES, cette procédure d’optimisation a permis de diminuer de 30 % le nombre de médicaments prescrits, les contre-indications de 46 % et les interactions médicamenteuses de 66 %. Ces résultats ont été présentés à un groupe de médecins généralistes témoins qui pointe du doigt le « facteur de confusion » que constitue la multiplicité des sources d’informations : la HAS, les sociétés savantes, la CNAM, l’industrie pharmaceutique ou encore l’AFSSAPS.
Pour l’IRDES, cette étude offre néanmoins des perspectives intéressantes en matière de bon usage du médicament. L’Institut suggère notamment de faire en sorte que les différentes sources d’information citées par les médecins travaillent plus en commun, et favorisent une approche globale de la polypathologie pour rendre opérationnels les référentiels pathologique et pharmacologique. Il préconise également de se tourner vers les patients pour améliorer leur information sur les médicaments.
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