D’année en année, les ruptures d’approvisionnement se multiplient de manière inquiétante. Assez en tout cas, pour motiver, au printemps 2015, un courrier de l’association France Parkinson à la ministre de la Santé concernant le Mantadix. Ou encore pour alarmer les parents à quelques semaines de la rentrée, alors que les BCG et les vaccins combinés contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche et la poliomyélite se raréfient.
Les chiffres publiés par l’Agence nationale du médicament (ANSM) attestent que les alertes ne sont pas uniquement le produit de la viralité des médias sociaux. Les ruptures d’approvisionnement en médicaments d’intérêts thérapeutique majeur (MITM) ont été effectivement multipliées par dix au cours des cinq dernières années, pour atteindre 438 déclarations en 2014. Rien ne laisse présager qu’elles seront moins nombreuses à la fin de 2015.
Le pharmacien à la rescousse
Selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), la principale responsable de ces tensions sur le marché du médicament est la politique de prix du médicament en France. En imposant aux laboratoires des prix parmi les plus bas d’Europe, le gouvernement rend le marché français peu attractif pour les fabricants. Résultat : ils privilégient de plus en plus, « l’écoulement de leur production dans des pays plus rémunérateurs, provoquant un allongement des délais d’approvisionnement sur le marché national », dénonce la FSPF. Une nouvelle fois, le pharmacien fait les frais de cette politique et assume seul face aux patients les conséquences des ruptures, voire de la pénurie de certains médicaments sur le marché national.
Quelles qu’en soient les origines, le phénomène ne laisse pas indifférent l’Ordre des pharmaciens. Bien avant que la loi de santé ne s’en empare en imposant des contraintes importantes aux fabricants pour les médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM), l’instance ordinale a mis en place dès 2014 sur le logiciel métier, une fonction « alerte rupture ». Ce système, qui appartient au DP-ruptures, est généré automatiquement dès qu’un produit vient à manquer et prévient le laboratoire fabricant. Bientôt ce système sera déployé à 10 000 pharmaciens avant d’atteindre 16 000 titulaires et peut être 300 industriels (soit 80 % des codes CIP). C’est en tout cas le vœu de l’Ordre. Car la participation à ce dispositif reste facultative. La loi de santé arrive donc à point nommé en obligeant les industriels à élaborer et à mettre en œuvre des plans de gestion des pénuries. En cas de rupture d’un MITM, les officinaux pourront être autorisés à dispenser des spécialités disposant d’une autorisation d’importation délivrée par l’ANSM. Quoi qu’il arrive, dans la chaîne du médicament, le pharmacien restera le maillon essentiel.
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