LE PRÉSIDENT DE L’UNPF, Claude Japhet, reste estomaqué par les propos tenus par l’AFIPA le 7 avril dernier dans un communiqué de presse. Rappelons les faits. Alors que le syndicat faisait valoir sa propre étude sur les prix pratiqués depuis la mise en place du libre accès, et concernant les 300 premières spécialités OTC (soit 60 % des ventes de médicament conseil), il n’a pas hésité à pointer du doigt les industriels qui auraient augmenté leur prix catalogue de 8,7 %. Malgré cela, l’UNPF constate une légère baisse des prix publics des médicaments en libre accès et en conclut que les pharmaciens ont baissé leurs marges pour garantir la stabilité des prix.
Des propos restés en travers de la gorge de Vincent Cotard, président de l’AFIPA, qui a souligné que les données de l’UNPF étaient partielles, que la méthodologie utilisée pour calculer cette évolution des prix n’avait pas été concertée avec les autres acteurs de l’OTC et qu’elle ne tenait pas compte des remises accordées aux officinaux. Selon lui, les premiers éléments de l’observatoire des prix, dont les résultats seront communiqués début mai, font état d’une baisse des prix publics de 2 à 3 %. Il va plus loin en affirmant que l’UNPF ne représente que 300 officines sur les 23 000 que compte le territoire français.
Cette assertion a mis le feu aux poudres. Claude Japhet a immédiatement réagi en rappelant que l’UNPF est un syndicat national représentatif dont les adhérents, « beaucoup plus nombreux que les chiffres fantasques avancés par l’AFIPA, sont parmi les principaux clients des laboratoires adhérents à cette association ». Le président de l’UNPF parle de propos « scandaleux et déplacés, calomnieux et diffamatoires » ; il refuse de suivre un observatoire qui prend en compte les prix publics mais pas les prix fabricants et préfère avoir un observatoire commun avec l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), permettant de démontrer notamment que « seuls les pharmaciens ont fait des efforts pour baisser les prix ». Enfin, il dénonce la Charte de bonnes pratiques commerciales, signée il y a un an.
Divergence.
Gilles Bonnefond, président délégué de l’USPO, est tout aussi choqué par les propos de l’AFIPA. « Je suis en colère contre l’attitude de M. Cotard qui attaque la représentativité d’un syndicat national de pharmaciens. Ses dires sont une insulte pour M. Japhet et pour toute la profession car il aurait pu avoir la même attitude avec un autre syndicat. Il n’a pas été capable de faire fonctionner la Charte et l’observatoire des prix, c’est un échec de sa présidence de l’AFIPA et dans sa relation avec les pharmaciens. Selon moi, il a perdu la confiance des officinaux, il n’est plus un interlocuteur fiable pour représenter les industriels. Ces derniers doivent tirer la leçon de cet excès qui a conduit M. Japhet à dénoncer la Charte de bonnes pratiques commerciales », lance Gilles Bonnefond.
L’USPO rappelle qu’elle a rejeté dès le départ l’observatoire des prix mis en place avec la Charte, puisqu’il était prévu de ne pas prendre en compte le prix fabricant. Ce manque de transparence l’a poussé à quitter la table des négociations tout en espérant que les industriels appliqueraient la Charte. « La balle est dans le camp des industriels. Mais cette polémique sur les prix traduit ce vers quoi veut aller M. Cotard, à savoir augmenter la consommation, faire du volume. C’est en divergence totale avec notre conception de la relation entre le pharmacien et le patient et notre souhait de voir le conseil officinal pris en charge par les assurances. C’est le pharmacien qui référence les produits, qui est en contact avec les patients, il ne faut pas l’oublier. À moins que le but soit de diriger ces médicaments vers d’autres rayons que ceux de la pharmacie », ajoute Gilles Bonnefond.
Réussir le libre accès.
Quant à Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), il rappelle que son syndicat avait été le dernier à signer la Charte des bonnes pratiques commerciales, justement parce qu'il préférait que l'observatoire des prix tienne compte à la fois des prix catalogue et des prix publics. La FSPF avait fini par signer sans avoir obtenu satisfaction sur cette demande. « Je m'étonne aujourd'hui des réactions des uns et des autres puisqu'il avait été convenu que l'observatoire se baserait sur les prix publics. Néanmoins, tout comme le font l'UNPF et l'USPO, la FSPF observe les prix catalogue mais n'est pas d'accord sur la logique du prix moyen car ils sont très variables selon les laboratoires, on ne peut pas généraliser », remarque le président. La FSPF reste très attentive à l'évolution des prix mais considère que le plus important aujourd'hui est de « réussir le libre accès ». Or, la polémique des prix entre l'UNPF et l'AFIPA, à coup de communiqués, n'est pas du meilleur goût, selon Philippe Gaertner. « Nous souhaitons surtout resserrer les écarts de prix entre les officines et, sur ce point, nous avons encore du travail », précise-t-il.
De son côté, l'AFIPA cherche désormais à apaiser les relations avec l'ensemble de ses partenaires. C'est pourquoi aucune nouvelle communication n'est prévue pour le moment sur ce sujet. « Nous ne voulons pas jeter de l'huile sur le feu, notre objectif est de parvenir à travailler tous ensemble. Nous calons une date pour aborder les résultats de l'observatoire de prix avec les syndicats, nous espérons que tous seront là et que tout se passera bien », précise Daphné Lecomte-Somaggio, déléguée générale de l'AFIPA. La suite début mai.
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