1- Repérer la non-observance
Il est rare que le patient parle de lui-même des difficultés qu’il éprouve à suivre son traitement. Et il faut parfois beaucoup de perspicacité au pharmacien pour déceler les signaux d’un mauvais ou d’un non-suivi du traitement. C’est souvent le non-renouvellement de l’ordonnance qui met la puce à l’oreille de l’équipe officinale. Des pharmacies ont ainsi recours à des astuces, comme le tamponnement systématique des ordonnances renouvelables dans un tableau, un simple coup d’œil sur le damier ainsi constitué, permet une analyse plus graphique et plus rapide que sur le dossier patient (DP).
2- Comprendre la non-observance
Les questionnaires utilisés pour les entretiens pharmaceutiques et l’éducation thérapeutique ne suffisent pas. Tout au plus constituent-ils un prétexte pour entamer un véritable échange avec le patient (voir encadré). Les raisons de la non-observance se trouvent souvent loin des simples critères pharmaceutiques. Elles s’appréhendent dans le profil du patient qui, selon son âge, son origine sociale, ses habitudes et ses pathologies aura des arguments différents, voire opposés. Bien que les questions d’observance soient souvent reliées aux patients âgés et polymédiqués, les causes ne sont pas à négliger chez les personnes plus jeunes omettant de suivre leur traitement pour des raisons liées à leurs conditions de vie. Un actif de quarante ans refusera son diurétique parce que, pris en soirée, il l’empêche de dormir. Or son activité professionnelle ne peut lui permettre des insomnies. Il suffira alors de lui suggérer de prendre son médicament plus tôt dans la journée.
À leur sortie d’hôpital, il n’est pas rare que les patients manquant d’informations, ne comprennent pas le sens de leur nouveau traitement. Ils décident alors d’abandonner certains médicaments qui leur semblent inutiles car non justifiés par le personnel hospitalier.
Souvent sous-évaluées par le pharmacien, les difficultés de compréhension, voire la traduction par des proches pour les patients étrangers, peuvent être à la source d’une distorsion du discours, et donc de mésusage du médicament.
3- Appréhender le traitement comme activité à part entière
Au comptoir ou lors des entretiens en espace de confidentialité, dans son dialogue avec le patient, le pharmacien devra considérer le traitement comme une activité humaine à part entière. Replacer le traitement dans le quotidien du patient a également le mérite d’en souligner les aspects pragmatiques. Il importe d’être attentif à certains freins, comme par exemple, des gouttes transparentes difficiles à compter. Et de privilégier l’approche pratique de la prise en évoquant l’ergonomie – les flacons difficiles à ouvrir pour les patients atteints d’arthrite, le blister de certains génériques trop résistant… –, quitte à informer le prescripteur des difficultés rencontrées face à certaines galéniques. La préparation des doses à administrer (PDA), qu’elle soit manuelle ou automatisée, trouve ici toute sa place.
4- Inciter à l’autocoaching
De la simple sonnerie sur téléphone androïd à l’automesure de la tension artérielle ou de la glycémie, en passant par les piluliers électroniques, le marché de l’observance via les objets connectés explose. Entre les acteurs du Net comme Google et les laboratoires, le pharmacien doit se positionner comme expert accompagnant le patient dans le choix de l’objet adéquat.
Car l’observance ne se résume plus aujourd’hui à la simple prise du médicament, mais également à l’efficacité de cette prise. Pour autant, l’objet connecté n’est pas la réponse finale à l’observance, il n’en est qu’un outil parmi d’autres et ne peut pas se substituer aux conseils du pharmacien.
Et surtout, le patient acteur de son traitement ne doit pas se sentir surveillé ou, comme cela a été récemment le cas dans la prise en charge de l’apnée du sommeil, menacé de sanctions.
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