Pour le président de l’Ordre, Andreas Kiefer, la légèreté avec laquelle la population consomme des médicaments de son propre chef est « alarmante », comme le sont les conséquences liées à ces comportements : près d’un million et demi de personnes seraient dépendantes des médicaments, principalement des somnifères et des antalgiques. Si l’on n’assiste pas encore aux « épidémies » d’overdoses causées aux États-Unis par la consommation incontrôlée d’antalgiques opiacés, ces produits sont de plus en plus utilisés en Allemagne, relèvent les pharmaciens. Les trois quarts des médicaments prescriptibles consommés abusivement sont achetés en pharmacie, les autres provenant de ventes en ligne, de circuits illégaux ou de reventes entre particuliers. 60 % des OTC mal utilisés sortent des officines, le reste étant obtenu par d’autres circuits ou par Internet. Leur vente est, de plus, stimulée par la publicité, que l’Ordre juge beaucoup trop permissive.
60 % des personnes interrogées par l’enquête jugent « acceptable » de prendre ponctuellement à leur propre initiative des médicaments soumis à prescription afin d‘améliorer leur humeur ou réduire leur stress. Par contre, elles rejettent largement la prise des stimulants pour mieux réussir leurs études ou leur vie professionnelle. Globalement, l’idée d’une aide médicamenteuse « psychologique » est mieux acceptée que la prise de médicaments dopants pour améliorer ses performances physiques et sportives.
Un guide du mésusage
À l’issue de ces constats, l’Ordre a rappelé aux pharmaciens leur rôle face au mésusage des médicaments. En dehors des somnifères, des tranquillisants et des antidépresseurs, contenant ou non des benzodiazépines, les médicaments les plus fréquemment mal utilisés sont les laxatifs, les diurétiques et les sprays nasaux. Les pharmaciens s’inquiètent aussi des détournements de pseudo-éphédrine, utilisée ensuite pour la préparation de certaines drogues comme la Crystal Meth.
L’Ordre a récemment publié un guide sur le mésusage, pour aider les pharmaciens à le détecter. Le comportement de certains patients, demandeurs des produits les plus concernés, peut et doit alerter les officinaux. Il s’agit par exemple de personnes présentant plusieurs ordonnances, rédigées par des médecins différents, pour les mêmes produits, ou bien par des médecins très éloignés de leur propre lieu de résidence.
En ce qui concerne les OTC, les achats en grande quantité doivent eux aussi éveiller la curiosité des pharmaciens. Dans tous ces cas, le pharmacien est tenu de demander des explications et, le cas échéant, de conseiller au patient d’aller parler de sa consommation à un médecin. Il a parfaitement le droit de refuser d’honorer une prescription, de même qu’une vente d’OTC qui lui semble suspecte pour ce motif. Le pharmacien doit aussi mentionner le cas sur un registre central, mais de manière anonyme : ce registre est utilisé par les autorités de pharmacovigilance pour établir les listes de ventes libres ou restreintes.
Au-delà de ces mesures, certes limitées, les pharmaciens rappellent la place centrale de l’officine et du conseil pour la sécurité de la consommation pharmaceutique, notamment face à des circuits de vente échappant à tout contrôle efficace, en premier lieu les ventes en ligne.
Denis Durand de Bousingen
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