NS MTE, EFG et CIF… Les ordonnances 2020 respectent-elles les nouvelles règles du non substituable ? Pour la profession, la réponse est clairement non. En effet, selon 82,6 % des pharmaciens qui ont répondu à notre enquête en ligne (362 répondants), ces règles ne sont pas appliquées par les médecins.
En fait, les praticiens « mettent n'importe quoi », affirme Sylvie P., « ils ont juste remplacé non substituable par NS CIF ou MTE… sans respect de rien du tout. Certains mettent même les trois sur la même ligne… dans le doute, ça peut passer ! ». Ce que confirme Guillaume B, qui raconte que « certains médecins alignent tous les sigles et indiquent aux patients d'aller vers la pharmacie untel qui délivrera le princeps sans problème ! » Quant à Caroline, elle estime que la situation est gérable pour les médicaments NS-MTE, « mais cela se gâte pour le NS-CIF : cette mention n'est finalement autorisée que pour une liste de médicaments dérisoire, et les médecins s’obstinent quand même à inscrire cette mention à tout-va. Il est alors très compliqué d’expliquer ensuite au patient qu’il faut payer ». La pharmacienne regrette également le manque de communication de l’assurance-maladie à ce sujet : « pas un mail de la Sécu clair pour que l’on accorde tous nos violons », déplore-t-elle.
Parfois encore les médecins « respectent tellement la nouvelle règle qu'il n'y a plus de NS du tout sur les ordonnances ! Au patient de se débrouiller (avec le pharmacien) pour régler son princeps ou essayer les génériques », avance Fabienne M., qui reconnaît toutefois « qu’au moins, les patients sont informés par leur médecin, et ne sont plus arc-boutés contre les génériques ».
Alors, pour s’en sortir, il faut « être carré » et bien expliquer les choses au patient qui, au final « paye et ça se passe bien », analyse Francis H. De son côté, Laurianne M. a trouvé une solution : elle est allée chercher la publication au « Journal officiel » du 19 novembre 2019, texte n° 5. « J'en ai fait des photocopies que je remets aux patients. C'est le texte officiel, ils voient bien que l'on n'invente rien », explique-t-elle.
Cependant, les pharmaciens sont inquiets sur les répercussions économiques de cette mesure. Il y a « des risques pour l'avenir de notre rémunération sur le générique alors que nous avons plutôt plus de travail », évoque Francis H. Faudra-t-il « s’asseoir sur les remises génériques » ? s’interroge Philippe H. Un autre pharmacien craint également que « les confrères qui vont appliquer les nouvelles règles du NS soient pénalisés par la perte de chiffre d'affaires due au départ vers des officines moins regardantes des clients récalcitrants ».
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