APRÈS les machines à sous et la prostitution, les médicaments ? Pour Bernard Leroy, directeur de l’Institut International de recherche anti contrefaçon de médicaments (IRACM), « les faux médicaments permettent de tels gains financiers qu’à terme ils sont susceptibles de devenir des activités essentielles du crime organisé international ». Alors qu’un dollar investi dans le faux médicament en rapporterait deux cents, soit dix fois plus que pour le trafic de drogue et cinq fois plus que pour les cigarettes de contrebande, il y a urgence à lutter contre ce qui constitue un « danger pour la santé publique ».
Bien que moins d’1 % des spécialités vendues dans les pays développés soient falsifiées, la menace semble en effet bel et bien présente. « Surfant sur le phénomène des importations parallèles », les trafiquants se livreraient ainsi aux vols de médicaments dans des hôpitaux ou lors de transports et au re-packaging pour commercialiser de faux vaccins ou de faux antibiotiques ; voire de faux traitements anticancéreux, à l’instar de ceux qui ont été récemment saisis aux États-Unis. Et quand bien même « la France serait a priori épargnée grâce à son système de protection sociale », la vente sur Internet de traitements contre la dysfonction érectile, de pilules amaigrissantes, d’anabolisants ou autres médicaments de conforts pourrait constituer un véritable talon d’Achille.
Jusqu’à 30 % de parts de marché.
D’autant que la majorité des États sont très en retard et réagissent au coup par coup, sans véritable stratégie et souvent sans législation adaptée. « La contrefaçon est essentiellement perçue comme une atteinte à la propriété intellectuelle », regrette ainsi cet ancien magistrat spécialisé dans la lutte contre les stupéfiants. Une aubaine pour des trafiquants qui cibleraient aujourd’hui quelque 140 pays et auraient d’ores et déjà réussi à s’approprier 10 % des marchés russe et chinois, 20 % du marché des anciennes républiques soviétiques et 30 % dans un certain nombre de pays en voie de développement d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine.
Bien que les peines aient été aggravées en Chine, aux États-Unis, en Hongrie au Mexique ou encore en Algérie, il y a donc urgence à développer des accords internationaux. Ou du moins à faire entrer en vigueur ceux déjà conclus, à l’instar de la convention Médicrime qui avait pour ambition de palier l’absence de législation internationale.
En ratifiant cette convention le 30 mai dernier, soit cinq ans après son adoption par 23 pays, la Guinée n’est que le cinquième signataire après l’Espagne, la Hongrie, la Moldavie et l’Ukraine. Il faudra toutefois attendre qu’un autre État européen ratifie cette convention pour espérer la voir s’appliquer. « Le conseil des ministres ayant autorisé sa ratification le 5 janvier dernier, la France devrait être le prochain signataire et être rapidement suivi par la Russie », parie Michèle Ramis, ambassadrice chargée de la lutte contre la criminalité organisée au ministère des Affaires étrangères. À moins que la Belgique, dont le conseil des ministres a approuvé le principe d’un avant-projet de loi portant assentiment à la convention Médicrime, ne les devance. Reste que, en France, la législation a été considérablement renforcée ces dernières années et pourrait inspirer d’autres États lorsque se tiendra la conférence internationale que veut organiser le quai d’Orsay. Une « grand-messe » qui pourrait être l’occasion de relancer l’idée de coopérations internationales. Celle conclue avec les pays du bassin du Mekong (Vietnam, Laos et Malaisie) avait en effet permis, de 2011 à 2014, de sécuriser les chaînes de distribution et de former des policiers, des douaniers et des professionnels de santé à reconnaître les contrefaçons. Elle a d’ailleurs inspiré un projet en Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina-Faso, Mali, Guinée) que soutient le Quai d’Orsay pour sécuriser la chaîne du médicament jusqu’en 2016.
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