BIEN QU’ÉTRANGLÉS par une crise économique et financière sans précédent, les Transalpins refusent encore et toujours de troquer les médicaments princeps contre leurs équivalents. Mais pour rééquilibrer la balance, ils ont en revanche diminué leurs dépenses. « Nous sommes nous aussi frappés par la crise de plein fouet. Auparavant, nous réalisions une partie de notre chiffre d’affaires sur la vente de nos préparations galéniques et la parfumerie. L’an dernier, les ventes ont chuté et, cette année, nous nous attendons à pire », confie la pharmacienne Anna Porri.
Selon l’AIFA, les consommateurs déboursent plus de 800 millions d’euros chaque année pour acheter ce que les Italiens appellent les médicaments « griffés », c’est-à-dire princeps. Sur les trois premiers trimestres 2012, les dépenses pharmaceutiques transalpines représentent 19,2 milliards d’euros. Soit une baisse de 6,8 % par rapport à l’année précédente. En revanche, les dépenses personnelles des Italiens ont carrément triplé durant les quatre dernières années. Et cela malgré la crise qui s’intensifie et le prix des princeps qui augmente régulièrement. « Au lieu de payer 4 euros pour l’achat d’un médicament prescrit par leur médecin traitant, la différence de prix étant à charge de la Sécurité sociale, ils pourraient choisir le générique, totalement gratuit », explique Alberto Berardi. Employé par une officine située en plein centre-ville, à quelques pas de la Place d’Espagne, ce pharmacien avoue pourtant suivre les consignes du ministère de la Santé à la lettre. « Je propose systématiquement le produit équivalent. Mais les patients préfèrent le médicament princeps. Ils n’arrivent pas à comprendre que la molécule est identique », analyse Alberto Berardi.
Pour booster les ventes des génériques, les médecins sont pourtant obligés, depuis le 1er septembre dernier, d’indiquer la molécule sur la prescription et non plus le médicament princeps. Sauf dans certains cas précis, c’est-à-dire pour des traitements particuliers. Mais, dans l’immédiat, la situation reste invariable du côté des consommateurs, très méfiants quant aux propriétés médicales des génériques.
Cette attitude coûte aux assurés, selon l’AIFA, quelque 868 millions d’euros par an. Un montant auquel il faudrait toutefois ajouter les dépenses sans ticket modérateur effectuées par les consommateurs qui veulent éviter les files d’attente chez leur médecin traitant. Pour l’agence du médicament, les Italiens pourraient économiser à la louche plus d’un milliard d’euros par an en optant pour les génériques.
Reste que, de l’autre coté de la barrière, cet engouement des Italiens pour les médicaments princeps pousse certains à se frotter les mains. C’est le cas du président de Farmindustria, l’association des industries du médicament. « Cela prouve que les consommateurs font encore et toujours confiance aux princeps ! », affirme Massimo Scaccabarozzi. « C’est comme pour les élections législatives ! Pour imiter Silvio Berlusconi qui a inventé les baisses d’impôts pour séduire l’électorat, Mario Monti promet de retoucher les taxes ! Au final, les Italiens préfèrent toujours la version originale ! », ironise pour sa part la pharmacienne Anna Porri.
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