Avec seulement 32 % de génériques prescrits par ses médecins, la Haute-Vienne marque un net recul, loin des objectifs nationaux fixés à 45 % pour l’année prochaine. Sur l’ensemble de l’ancien Limousin, seulement 6,6 généralistes sur 10 leur accordent leur confiance, tandis que les patients le font à 6,8/10. Les pharmaciens leur sont beaucoup plus favorables (8,7/10), confirmant leur rôle prépondérant dans la promotion du générique.
Alors que se déroule une campagne nationale, le taux global de substitution dans les pharmacies est en moyenne de 81,4 % dans la Creuse, la Corrèze, et la Haute-Vienne, contre 82,4 % en Nouvelle Aquitaine et 83,2 % en moyenne nationale. Des chiffres à rapprocher de l’objectif de 86 % fixé pour 2017, mais à observer par rapport aux 62 à 65 % relevés dans ces départements en 2012. Soit une nette progression, même si l’assurance-maladie déplore une certaine stagnation.
Ces données sont révélatrices d’un phénomène général indiquant une méfiance évidente de la part des médecins comme des patients, que l’on observe particulièrement entre Creuse et Corrèze, territoires ruraux peuplés de gens âgés, inquiets de ces nouveaux médicaments. Ainsi, les officines locales se positionnent-elles comme lieux de pédagogie et de diffusion.
L’officine au cœur de la stratégie
« Notons la progression évoquée plus haut, souligne Jean Cathalifaud, président du Syndicat de la Haute-Vienne, installé à Oradour-sur-Glane. Elle est la preuve que nous assurons le job, même si l’objectif conventionnel des 86 % est encore loin. Depuis six mois nous jouons encore plus le jeu, la caisse ayant mis en place des contrôles qui nous encouragent à substituer. Nous sommes bons élèves, puisqu’à ce jour aucune sanction n’a été prise, malgré nos 80,6 %. Mais il est notoire que certains généralistes n’aiment pas les génériques, ni surtout l’idée que le pharmacien change quelque chose à leurs prescriptions. Et le malade fait évidemment confiance en priorité à son médecin. Certains doutent encore, d’autres sont définitivement convaincus, nous sommes entre les deux. »
En Corrèze, le président Olivier Marquet (titulaire à Tulle) rappelle fièrement les 82,2 % obtenus par l’action de ses confrères du département et dresse un constat optimiste mais réaliste. « Nous arriverons lentement au chiffre souhaité, mais tant que les généralistes freineront sur leurs prescriptions se sera difficile. Les raisons sont à chercher sur le terrain, avec encore pas mal de médecins qui ne supportent pas que l’on touche à leurs ordonnances, et c’est particulièrement vrai dans certains cabinets de la Corrèze. D’autant plus que les patients ne sont pas enthousiastes, et qu’il ne faut pas perdre ses clients. Substituer reste un acte libéral, citoyen, mais qui réclame une grande confiance. »
Quant à la Creuse, rurale et profonde, Nicolas Verguet, son responsable départemental (installé à Saint-Sulpice-le-Guérétois), présente une situation identique : « Nous avons ici une population avec des grosses ordonnances, sur lesquelles nous substituons 81,4 % des médicaments. Les généralistes sont parfois pro génériques, marquant tout ou presque en DCI, ce qui rend les choses plus faciles. D’autres, par contre, ne se gênent pas pour présenter à leurs patients les génériques comme néfastes, et c’est évidemment beaucoup plus difficile pour nous. Nous connaissons les médecins locaux, leurs habitudes, leurs politiques. Ils sont également tenus à des résultats, ce qui devrait faire évoluer les choses, mais ce sera lent. Face à la méfiance de la patientèle, le pharmacien reste le conseiller éclairé, souvent écouté, parfois décrié. »
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