C’EST devenu un réflexe pour la majorité des Français. Selon une étude BVA pour l’association Cyclamed*, 80 % des personnes interrogées déclarent rapporter leurs médicaments non utilisés (MNU) à leur pharmacien, et 55 % affirment même le faire systématiquement. Il y a cinq ans, elles n’étaient respectivement que 72 % et 39 %.
Cette évolution des mentalités se traduit en volumes. Alors que le gisement s’est réduit de 18 % en raison d’une baisse de 1,2 % du nombre de boîtes de médicaments vendues en 2014, la collecte de MNU a une nouvelle fois augmenté. Elle a atteint 12 056 tonnes en 2014, soit une progression de 1,7 % par rapport à 2013. Ceci équivaut à 184 grammes en moyenne de produits collectés par habitant. Le Limousin remporte la palme avec 333 grammes par habitant et une progression de 4 points en un an, tandis que la Corse s’affiche bonne dernière avec seulement 106 grammes par personne et une chute de 8 % de sa collecte en l’espace d’un an.
Parallèlement, les Français détiennent de moins en moins de MNU à domicile. Ils ne composent plus que 24 % de l’armoire à pharmacie, contre 30 % en 2010, signe que les messages de préservation de l’environnement et de sécurité sanitaire domestique diffusés par Cyclamed sont bien passés.
En revanche, le rôle du pharmacien, pourtant déterminant, n’est pas assez valorisé. Le conseil du pharmacien n’arrive qu’en quatrième position parmi les raisons qui incitent les patients à rapporter leurs MNU. Le sondage relève même un taux de 5 % de personnes déclarant avoir essuyé un refus auprès de leur pharmacien. « Il suffirait que le pharmacien soit plus impliqué dans l’information du patient, en délivrant un message sur le recyclage du médicament dès sa dispensation », propose Thierry Moreau Defarges, président de Cyclamed. L’association verra son agrément remis en jeu en février 2016, une échéance que son président envisage avec sérénité, « au regard de la complexité d’un réseau de collecte sur 23 000 sites, peu de candidats devraient pouvoir répondre au cahier des charges ».
Pas d’emballages carton.
Pour l’heure, Cyclamed continue sur sa lancée et entend affiner son approche des MNU. Elle doit avant tout à ses campagnes de communication TV la progression de son taux de performance (collecte sur gisement) de 49 % en 2012 à 63 % aujourd’hui. Cyclamed orientera prochainement ses efforts en direction des officines avec de nouveaux matériaux d’information (affiche et vitrophanie). Une opération qui pourrait convaincre les quelque 20 % de récalcitrants, dont 86 % affirment avoir l’intention de déposer leur MNU en pharmacie.
Ses bons scores, parmi les meilleurs au sein des éco-organismes de collecte, ne font pas oublier à Cyclamed que le dispositif est perfectible. « Sont encore trop mélangés aux MNU des produits qui ne sont pas à la charge de Cyclamed, comme la para, la cosméto ou le vétérinaire ou encore des cartons d’emballage », constate Thierry Moreau Defarges. Ces derniers, qui sont réservés au tri sélectif classique, font désormais l’objet d’une attention particulière des laboratoires. Sanofi est ainsi le premier fabricant à apposer des recommandations de recyclage sur les boîtes de Doliprane.
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