• Naissance de l’intersyndicale
Début juillet, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) appelle à la création d’une intersyndicale afin de mieux négocier avec l’assurance-maladie (« le Quotidien » du 8 juillet). « Si nous avançons en ordre dispersé, la profession ne s’en sortira pas », affirme son président, Gilles Bonnefond. Tandis que les discussions avec l’organisme payeur sur l’évolution de la rémunération n’ont toujours pas abouti (une nouvelle réunion est prévue le 17 septembre), la division syndicale risquait de repousser encore les échéances. Les organisations professionnelles – la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), l’Union nationale des pharmacies de France (UNPF) et l’USPO - se sont donc mises d’accord pour unir leurs forces. Dans la foulée, l’intersyndicale fraîchement créée s’est mobilisée contre l’application de TFR dans les groupes de l’acarbose (à la demande du laboratoire princeps, selon les syndicats), alors que la molécule est substituée à plus de 80 %. La trêve estivale a également vu de nombreuses actions de syndicats départementaux fleurir ici et là : une banderole tirée par un avion et dénonçant le non-respect par l’État de ses engagements dans l’Hérault et dans l’Aude, grève des gardes dans les Bouches-du-Rhône, le Loiret, l’Eure-et-Loir et l’Indre-et-Loire, rapporte L’Hebdo du Pharmacien du France du 23 août.
• Les sites illégaux se développent
Dans le même temps, les craintes des représentants de la profession semblent malheureusement se concrétiser. Depuis l’entrée en vigueur de l’arrêté de bonnes pratiques sur la vente en ligne de médicaments, des sites illégaux envahissent la Toile. L’Ordre des pharmaciens en a ainsi repéré plus de 40 dont les noms ont été signalés à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP). Alerté, le ministère de la Santé rappelle, le 7 août, que Marisol Touraine a choisi d’encadrer, aussi strictement que la réglementation le permettait, ce mode particulier de distribution, pour éviter qu’il ne soit la porte ouverte à la contrefaçon et pour préserver l’accès à un conseil pharmaceutique. « Seuls peuvent être autorisés par l’agence régionale de santé compétente les sites exploités par des pharmacies physiques », rappelle le ministère qui reconnaît que les médicaments contrefaits sont principalement écoulés par Internet.
• La vente sur Internet ouverte à tous les médicaments
Quoi qu’il en soit, la vente de médicaments sur Internet est élargie à l’ensemble des spécialités non soumises à prescription médicale obligatoire. Tel en a décidé le Conseil d’État dans une décision rendue le 17 juillet. Ce sont donc près de 4 000 médicaments qui pourront être commercialisés sur la Toile. L’instance considère en effet que le droit européen ne permet pas aux États membres d’exclure seulement les médicaments soumis à prescription de la vente en ligne.
• Le monopole remis en cause
Autre proposition étonnante dans ce contexte : celle de l’Autorité de la concurrence de lever du monopole officinal sur les spécialités non remboursables (« le Quotidien » du 15 juillet). « C’est un rapport de plus qui repose sur une approche économique et qui oublie que l’on n’a pas affaire à des produits de consommation courante, mais à des médicaments », s’indigne Philippe Gaertner, président de la FSPF. L’UNPF estime, elle, que « dans un contexte où les saisies de médicaments contrefaits sont toujours plus nombreuses et inquiétantes, où la sécurité du médicament est parfois remise en cause (scandales récents), le médicament doit être distribué dans un circuit sécurisé. Or seul le circuit pharmaceutique garantit la traçabilité des médicaments et la sécurité des patients ». « Quel réseau aujourd’hui en France offrirait une meilleure couverture du territoire et une meilleure proximité avec la population que le maillage des 22 000 officines françaises, réparties selon des règles strictes dans le seul intérêt de la santé publique et du patient ? » demande l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), pour qui la France dispose de prix tout à fait raisonnables au regard du reste de l’Europe. « La proposition de l’Autorité de la concurrence va dans le sens d’un affaiblissement de la qualité et de la sécurité de la distribution du médicament en utilisant des arguments économiques qui n’ont pas fait leurs preuves dans les pays voisins », ajoutent les étudiants. « Face à la désertification, le pharmacien reste, dans certaines régions, le seul acteur de santé disponible pour les soins de premiers recours, souligne pour sa part Pascal Louis, président du Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO). Il ne faut pas tout mélanger. Nous devons garder l’accès aux soins pour tous, ce qui n’empêche pas la concurrence entre officines en matière de prix. » De son côté, la ministre de la Santé a coupé court à la polémique indiquant immédiatement que l’hypothèse d’une vente des médicaments, même non soumis à prescription obligatoire, en grande surface, n’était pas envisagée par le gouvernement. À suivre.
• Le retour de Diane 35
La Commission européenne décide le 25 juillet de maintenir la mise sur le marché de Diane 35. Cet antiacnéique, utilisé hors AMM comme contraceptif, a été retiré par la France en mai dernier, suite à des signalements de risques thromboemboliques. La Commission a jugé le rapport bénéfice/risque suffisamment bon, mais a recommandé de ne pas l’utiliser en première intention dans le traitement de l’acné modérée et sévère. La commercialisation de Diane 35 pourra recommencer en France lorsque l’Agence du médicament aura accepté les dossiers des laboratoires concernés. Ils doivent en effet mettre en conformité l’autorisation de mise sur le marché avec les nouvelles conditions de prescription et modifier le RCP et la notice du médicament.
• L’aluminium dans les vaccins réhabilité
Le Haut conseil de la Santé publique (HCSP) a rendu un rapport sur l’aluminium dans les vaccins. Il estime que « les données scientifiques disponibles à ce jour ne permettent pas de remettre en cause la sécurité des vaccins contenant de l’aluminium, au regard de leur balance bénéfice/risque ». Il recommande « la poursuite des vaccinations conformément au calendrier vaccinal en vigueur », mais aussi de continuer les recherches « visant à évaluer la sécurité des adjuvants disponibles et en développement ». Pendant ce temps, plusieurs avancées dans le domaine de la vaccination ont été rendues publiques. Le 8 août, des chercheurs américains ont annoncé de bons résultats dans l’essai clinique d’un vaccin contre le paludisme. De son côté, le laboratoire Sanofi Pasteur a lancé des essais cliniques de phase III de son vaccin contre la dengue en Asie et en Amérique latine, après des résultats prometteurs en phase IIb. Enfin, ce même laboratoire a annoncé que son vaccin Fluzone High-dose avait démontré une meilleure efficacité que la dose standard de vaccin Fluzone, pour la prévention de la grippe chez les 65 ans et plus.
• Les anti-arthrosiques sauvés
Dans deux décisions publiées en juillet, le Conseil d’État a ordonné en référé la suspension de l’arrêté ministériel du 31 mai 2013 qui prévoyait le déremboursement de certains anti-arthrosiques symptomatiques d’action lente (AASAL) à compter du 15 juillet. Par conséquent, Piascledine 300 mg et Chondrosulf 400 restent remboursés à 15%.
• Les AVK restent la référence
La Haute autorité de santé (HAS) a évalué les trois anti-coagulants oraux dont les modes d’action sont différents de celui des anticoagulants oraux antivitamine K (AVK). Elle en a conclu que les AVK demeurent « dans la plupart des cas le traitement de référence de la fibrillation auriculaire non valvulaire et qu’il n’existe à l’heure actuelle aucun argument pour remplacer un traitement par AVK efficace et bien toléré par un autre anticoagulant oral ».
• La Levothyroxine en rupture
Des difficultés d’approvisionnement ont limité la disponibilité de Levothyroxine cet été dans les officines. Un dispositif d’urgence a été activé afin d’assurer la continuité des traitements pour les patients concernés et le retour à un approvisionnement normal le plus rapidement possible.
• La cigarette électronique sur la selette
Le magazine « 60 millions de consommateurs » a publié dans son numéro de septembre les résultats d’un essai sur les cigarettes électroniques montrant la présence de molécules potentiellement cancérogènes et de métaux toxiques. Le formaldéhyde, l’acroléine et l’acétaldéhyde ont notamment été retrouvés dans les e-cigarettes testées. La revue appelle à un « contrôle plus strict de ces produits », tout en notant que l’interdiction de la vente aux mineurs, de la publicité et du vapotage dans les lieux publics est déjà envisagée par le gouvernement. Par ailleurs, les pharmacies sont toujours soumises à l’interdiction de vendre ces cigarettes électroniques.
Industrie pharmaceutique
Gilead autorise des génériqueurs à fabriquer du lénacapavir
Dans le Rhône
Des pharmacies collectent pour les Restos du cœur
Substitution par le pharmacien
Biosimilaires : les patients sont prêts, mais…
D’après une enquête d’UFC-Que choisir
Huit médicaments périmés sur dix restent efficaces à 90 %