Le marché des médicaments d’automédication a progressé en 2014 de 5,2 % en valeur pour atteindre un chiffre d’affaires de 2,256 milliards d’euros. Un net mieux après une stagnation (-0,4 %) l’année précédente et une chute de 3 % en 2013. Une nouvelle réjouissante pour les pharmaciens et les industriels, mais ces derniers restent sur la réserve.
À la présentation du 14e baromètre annuel de l’AFIPA* sur le marché du selfcare, le président de l’association, Pascal Brossard, note en effet que « cette embellie n’occulte en rien le manque de stabilité du marché français de l’automédication dont la croissance est essentiellement liée à des éléments conjoncturels tels qu’un hiver difficile. En 2014, la faible incidence pathologique avait entraîné une chute de l’automédication de 0,7 % en volume ; et fin 2015, nous observons exactement le même phénomène ».
À ses yeux, les résultats de l’exercice 2015 reflètent « le manque cruel de stratégie et d’impulsion politique », alors même que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a récemment parlé de l’automédication comme d’un « enjeu important de santé publique ». Font partie de ce marché de l’automédication l’ensemble des médicaments sans ordonnance non prescrits et non remboursés, regroupant ainsi deux catégories : les remboursables (dits OTX) et les non remboursables (dits OTC).
Il y a deux ans, les deux familles étaient en décroissance, respectivement à -2 % et -3,3 %. L’an dernier, seule l’OTC restait dans le rouge, à -1,1 %. Enfin en 2015, l’OTC rattrape son retard avec un bond de 6,2 %, à comparer avec la progression plus modeste de l’OTX (+1,8 %).
Pilier des officines
Le marché de l’automédication est l’une des trois composantes du marché du selfcare – dont il occupe les deux tiers des parts de marché – qui regroupe également les compléments alimentaires et dispositifs médicaux (DM) sans ordonnance et disponibles exclusivement en pharmacie. Ces deux segments continuent à montrer un fort dynamisme.
En particulier, les compléments alimentaires s’approchent pour la première fois d’une croissance à deux chiffres (9,6 %) après deux années à un peu plus de 6 % de progression. Côté DM, la croissance est exponentielle : +4,3 % en 2013, +6,3 % en 2014, +7 % en 2015. En cumul, le marché du selfcare augmente de 6,4 % en valeur et atteint les 3,706 milliards d’euros.
À partir des données d’OpenHealth**, Pascal Brossard se félicite de voir que « le selfcare répond à une demande grandissante des Français en matière de santé en leur offrant à la fois le choix et l’autonomie ». Le selfcare est aussi un « pilier essentiel des officines, contribuant à lui seul à 37,2 % de la croissance de leur activité ».
Pour l’AFIPA, le développement du selfcare profite non seulement à la vivacité économique du réseau officinal, mais il joue aussi « un rôle majeur de régulation du système de soins et a permis de dégager des économies très importantes pour la collectivité, de l’ordre de 75 millions d’euros sur les coûts de consultations évitées pour le premier trimestre 2015 ».
Convaincue du fort potentiel économique du selfcare, l’AFIPA va publier en mars prochain un manifeste destiné à l’ensemble des décideurs politiques. Il va présenter des données sociales et économiques inédites et proposer des pistes de réformes. Objectif : « Contribuer à la pérennité du système de soin en proposant une autre stratégie de santé qui place le selfcare comme première étape du parcours de soin pour les pathologies bénignes. »
** Étude réalisée auprès du panel XPR-SO d’OpenHealth, comptant 3 004 pharmacies représentatives du parc officinal en France métropolitaine hors Corse.
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