L’OBLIGATION vaccinale reposait sur des considérations d’intérêt général, de solidarité et d’efficacité. À l’image d’autres pays industrialisés, la France est progressivement passée d’un régime d’obligation à un régime de recommandation vaccinale. Seuls les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP) y restent obligatoires. Les règles contemporaines fondées sur le consentement libre et éclairé des individus engagent les professionnels de santé dans un effort d’information et de pédagogie délicat et les exposent aux controverses médiatiques relatives au bénéfice/risque de la vaccination et à des informations ni validées ni sourcées (blogs Internet, avis d’experts autoproclamés…) qui entretiennent un contexte de défiance dans le public.
« L’idée que certaines maladies ont été éliminées grâce aux vaccinations antérieures conduit parfois le grand public à douter de la nécessité de la vaccination contre ces maladies, la mémoire collective s’efface et la méconnaissance des risques représentés par ces maladies s’amplifie », dénonce le Pr Jean-Paul Chiron, président de l’Académie nationale de pharmacie. Il faut savoir que seule la variole a été éradiquée, alors que d’autres maladies, comme la coqueluche et la rougeole, ont simplement été éliminées du territoire et elles sont actuellement en recrudescence ; on constate également des cas sporadiques de rubéole chez la femme enceinte et le fœtus. Compte tenu de cette situation, l’Académie de pharmacie préconise, comme dans sa précédente requête en date du 1er juin 2011, que la vaccination ROR devienne obligatoire.
Lever l’ambiguïté.
Elle demande du même coup aux autorités de tutelle de lever l’ambiguïté entre vaccins recommandés et vaccins obligatoires. Cette coexistence génère une confusion dans l’esprit et la compréhension du grand public, pour qui le terme recommandé veut dire non indispensable, facultatif, et entraîne un rejet et une sous-vaccination. « La politique nationale vaccinale n’a pas fait le choix entre autonomie de décision et solidarité de santé publique, et elle empêche d’atteindre les objectifs fixés, souligne le Pr Pierre Bégué, membre de l’Académie de médecine. L’intérêt collectif ne s’oppose pas mais, au contraire, conforte l’intérêt individuel. »
Au-delà de certains seuils, la protection collective conférée par le vaccin peut modifier la dynamique globale de la transmission et s’étendre aux non vaccinés. Malheureusement, la cohérence du discours des autorités académiques ne touche pas le grand public et la conscience de cette responsabilité civique et individuelle est diluée par l’égoïsme ambiant. « En fait, les problèmes se posent au niveau de la gestion et non au niveau de l’évaluation, affirment les membres de l’Académie, nous nous contentons d’alerter, c’est aux politiques de prendre les décisions, vaccination obligatoire ou recommandée, et de faire un choix national approuvé par le ministère en charge de la Santé. »
Utiliser le DP.
Le calendrier vaccinal manque de lisibilité du fait de ses modifications fréquentes qui induisent, chez les professionnels de santé comme dans le public, des confusions concourant à sa négligence. Ce sont essentiellement les rappels qui posent problèmes. Dans ce contexte, et pour améliorer l’accessibilité à la vaccination pour tous les patients, la contribution active des pharmaciens à la prise en charge vaccinale doit être mieux explorée. L’Académie recommande donc de définir et d’adopter par décret l’autorisation et les modalités de vaccination par le pharmacien en officine pour les rappels chez les adultes, en coopération avec les médecins. En effet, 74,8 % des pharmaciens déclarent être sollicités quotidiennement par un à cinq de leurs clients sur leur statut vaccinal et/ou pour des informations sur la vaccination.
D’autre part, le pharmacien dispose du dossier pharmaceutique (DP), un système d’information performant en l’absence de supports fiables d’enregistrement et de traçabilité des vaccins effectivement administrés. L’Académie préconise d’adapter les règles d’utilisation du DP pour permettre son extension fonctionnelle à la gestion du calendrier et du suivi du statut vaccinal (carnet de vaccination électronique) ; il devrait disposer des informations relatives à la dispensation de vaccins et à l’acte vaccinal de chaque patient durant la vie de son dossier. Ces informations devraient à terme être intégrées au dossier médical personnel (DMP). Cette étape plus avancée d’implication du pharmacien vise son association au geste vaccinal lui-même : l’administration du vaccin. Cette possibilité nécessite des prérequis et pourrait s’envisager dans un contexte encadré des soins de premier recours, qui cernerait les vaccins concernés sur liste réglementaire.
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