REBELOTE ! Après deux années sans croissance, selon la société américaine d’études statistiques, IMS Health, le marché français du médicament a enregistré une croissance négative pour la deuxième année consécutive. Les optimistes diront que les choses s’arrangent puisque, après le recul des ventes de 3 % en 2012, les -2 % de l’année 2013 pourraient ressembler à un moindre mal. D’autant que, avec un taux de croissance nulle du nombre d’unités dispensées, l’amélioration semble également sensible par rapport au -1 % de l’année précédente. Mais la tendance est bien là. La France n’est plus un eldorado pour l’industrie pharmaceutique. Politiques de maîtrise des dépenses de santé obligent, les taux de croissance positifs du marché hexagonal du médicament ne sont plus qu’un lointain souvenir. Et les choses n’iront pas en s’arrangeant. Loin s’en faut ! Pour tenir l’objectif national des dépenses d’assurance-maladie (ONDAM) au taux de +2,4 % (+2,7 % en 2013), le gouvernement va, cette année encore, mettre à contribution le médicament à hauteur de 1,3 milliard d’euros.
Outre les baisses de prix décidées dans le cadre de la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) 2014, qui vont directement impacter le marché en valeur, « la politique d’optimisation des dépenses et de rationalisation des achats » menées depuis plusieurs années par les différents gouvernements, toutes tendances confondues, va se poursuivre et donc peser durablement sur ce secteur de l’économie. Conséquence : en 2014, la décroissance devrait avoisiner le seuil des -2 %. À moins que le taux de l’ONDAM ne soit encore rabaissé et qu’il faille, dès lors, réaliser de nouvelles économies, en particulier sur le secteur du médicament.
Un second souffle pour les génériques ?
Un secteur qui n’est toutefois pas aussi homogène qu’il pourrait y paraître. Le marché de ville, qui plafonne désormais à 20 milliards d’euros en prix fabricants hors taxes (PFHT), pèse en effet trois fois plus que le marché hospitalier qui s’établit à 6 milliards d’euros en prix réels (8 milliards en prix catalogue), en 2013. Un marché hospitalier qui semble d’ailleurs moins impacté par ces mesures de maîtrise des dépenses, puisqu’il affiche une croissance nulle. Selon l’économiste de la santé Claude Le Pen, « cette situation s’expliquerait en particulier par la dispensation, de plus en plus fréquente, en ville de produits innovants qui sont prescrits à l’hôpital ».
En ville, pour compenser ces prescriptions plus onéreuses, les pouvoirs publics peuvent désormais tabler sur des génériques qui semblent s’installer durablement dans le paysage hexagonal. Fort d’un taux de pénétration global d’environ 80 % - voire un peu plus pour la trentaine de molécules visées par les accords conventionnels signés entre l’assurance-maladie et les syndicats de pharmaciens représentatifs -, ce segment de marché a en effet maintenu son niveau de performance. Une performance qui devrait d’ailleurs se poursuivre en 2014. Bien que le nombre de brevets à tomber dans le domaine public soit moindre, le marché du générique pourrait en effet trouver un second souffle avec un éventuel élargissement du répertoire.
Rien d’étonnant dès lors à ce que les industriels du médicament se tournent vers d’autres horizons plus engageants. À l’exception de l’Allemagne (+5 % en volume et +3,7 % en valeur), les marchés matures de la vieille Europe semblent en effet bien peu séduisants par rapport aux BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) et autres pays émergents qui, désormais, tirent clairement la croissance mondiale du marché du médicament (lire encadré). Mais l’accès à ces nouveaux acteurs reste difficile pour les grands groupes pharmaceutiques mondiaux qui ont axé leur développement sur des produits innovants.
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