« SI L’ITALIE, en 2001, n’avait pas introduit la vente des génériques, la dépense pharmaceutique ne serait pas à l’équilibre. La diminution des dépenses de la Sécurité sociale permet par ailleurs, de financer les médicaments innovants, chers par définition. » Selon Gualteriero Pasquarelli, administrateur-délégué de DOC Generici, une entreprise pharmaceutique italienne spécialisée dans le générique, crée en 1996, les génériques sont une aubaine pour la Sécurité sociale et pour les consommateurs. « Le coût élevé de certains princeps, même pris en charge par la Sécurité sociale, ne permettait pas à une partie de la population de se soigner. Avec la crise économique, la situation a empiré. Du coup, on peut dire que les génériques sont une sorte d’amortisseurs sociaux importants », ajoute Gualteriero Pasquarelli. En Italie, les génériques sont en effet gratuits contrairement aux princeps, pour lesquels le consommateur doit débourser 4 euros par ordonnance. « Avec la crise, les Italiens font de plus en plus attention à leurs dépenses notamment en ce qui concerne la santé, ce qui explique le succès grandissant des génériques », explique le pharmacien Paolo Pagano.
Selon les chiffres publiés par Assogenerici, l’association italienne de l’industrie pharmaceutique du générique, la vente de ces médicaments a augmenté durant les deux dernières années, bien que la part de marché du générique en Italie soit encore inférieure à la moyenne européenne. Mais elle permet à la Sécurité sociale d’économiser quelque 300 millions d’euros par an. L’an dernier, la part de marché des génériques a augmenté en moyenne de 22 à 23 % dans le nord de la péninsule et de 24 à 26 % dans le centre et le sud. La Calabre, située vers le talon de la botte, fait figure de championne, cette région ayant enregistré une hausse de 36 %.
Il y a trois ans, les Italiens préféraient les médicaments « griffés », c’est-à-dire de marque, le surnom affublé aux princeps de l’autre coté des Alpes. Pour briser leurs résistances, les producteurs de génériques, le ministère de la Santé et même certains médecins, ont multiplié les campagnes d’information. L’objectif de ces opérations, parfois coup-de-poing, est de faire comprendre aux consommateurs qu’il n’y a aucune différence significative entre les princeps et les génériques.
Reste que si le succès grandissant des génériques pousse les producteurs comme DOC Generici à se frotter les mains, de l’autre coté de la barrière, on sonne le tocsin. C’est le cas de Farmindustria, l’association des industries du médicament, qui affirme que le boom des génériques a des retombées négatives sur les entreprises pharmaceutiques. « Certaines entreprises ont déjà perdu 70 % de leur chiffre d’affaires durant les deux dernières années. De nombreux emplois sont désormais à risque », a récemment estimé la direction de Farmindustria dans un communiqué. Autre son de cloche négatif, celui de Federanziani, l’association nationale à but non lucratif qui défend les droits et la qualité de vie des personnes âgées. Pour donner un coup de pouce aux génériques, le gouvernement de technocrates de Mario Monti avait inscrit dans son programme de libéralisation l’obligation pour les médecins de prescrire le nom de la molécule et non plus uniquement le nom du princeps. D’où le champ libre à la substitution pour les titulaires des officines. « En choisissant la boite à la place du médecin, les pharmaciens peuvent commettre des erreurs », affirme Roberto Messina, président de l’association. Faux rétorque Federfarma, l’association des pharmaciens qui se réfugie derrière l’AIFA, l’agence italienne du médicament qui contrôle et approuve les produits avant leur mise en vente.
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