SELON l’Organisation mondiale de la Santé, le marché de la contrefaçon représente 0,1 % des volumes vendus de l’autre coté des Alpes. Mais cette donnée, qualifiée de rassurante par le ministère de la Santé, n’empêche pas les experts de secteur de tirer la sonnette d’alarme. D’autant que 37 % des Italiens auraient acheté l’an dernier des faux médicaments, selon une enquête effectuée par l’institut de recherche Norwood pour le compte du laboratoire américain Pfizer, grande victime de la contrefaçon. D’autres statistiques montrent que, sur les trois dernières années, les organisations spécialisées dans le faux ont vu leur chiffre d’affaires progresser. Pour preuve, les déclarations du commandant en chef des Nas, la brigade chargée de la lutte anti-contrefaçon. « De 2005 à 2008, nous avons saisi 136 000 faux médicaments, puis 1 593 000 durant la période 2008-2009. En volume, le nombre des saisis devrait augmenter d’ici à la fin de l’année par rapport à 2009 car nous avons déjà bloqué 160 000 produits depuis le 1er janvier », révèle le général Cosimo Piccinno.
À l’origine de cette flambée, deux facteurs importants. D’abord, le manque d’information des consommateurs sur les fléaux que peuvent provoquer les contrefaçons. Puis, la stratégie de diversification au niveau des ventes. Concerne le premier point, une enquête publiée par l’Agence italienne du médicament, AIFA, démontre que 40 % des Transalpins ne savent pas que la vente en ligne de produits pharmaceutiques est illégale. Autre donnée importante : 33 % des personnes interrogées par cet institut, estiment que la vente de médicaments sur Internet ne représente pas de risques pour la santé. Elles soulignent aussi la différence de prix avantageuse par rapport aux circuits officiels comme les officines. En somme, les produits vendus sur la Toile ont la cote malgré les efforts de Federfarma, la fédération des pharmaciens italiens, qui essaye de refroidir l’enthousiasme des consommateurs en affirmant que 7 médicaments sur 10 vendus sur Internet sont des contrefaçons.
Coté vente, la diversification des circuits profite largement à un marché en expansion. Il y a d’abord les organisations spécialisées dans la vente de contrefaçons qui développement leurs réseaux et jouent la carte de la rapidité. La première étape consiste généralement à ouvrir un site par semaine pour écouler le gros de la production. Afin d’éviter de tomber dans les filets des Nas qui contrôlent régulièrement les mailles de la Toile, les sites sont fermés au bout de 7 jours. Pour écouler les stocks restants, les organisations se retournent vers des centres d’appels spécialisés dans la vente par téléphone. En parallèle, le réseau des vendeurs occasionnels contribue au développement de la contrefaçon. Il est composé d’employés ou de travailleurs indépendants liés professionnellement à un tout autre secteur. Pour arrondir leurs fins de mois, ces nouveaux agents de la contrefaçon, achètent des produits pharmaceutiques en ligne (sans avoir de garantie sur la provenance ou la composition) et les revendent à leur entourage en réalisant une petite marge de profit.
Face à la percée de la contrefaçon au cours des trois dernières années, le ministre italien de la Santé tire la sonnette d’alarme. « Il existe plusieurs catégories de contrefaçon : les produits faux qui contiennent la bonne dose de principe actif, les produits imparfaits qui contiennent une quantité plus faible et les autres où le principe actif est remplacé par n’importe quoi, comme du plâtre par exemple, et comporte des risques élevés pour la santé », observe Ferrucio Fazio.
Pour renforcer la lutte contre la contrefaçon, l’AIFA veut insérer les cosmétiques et les compléments alimentaires dans la liste des produits inscrits dans le projet Impact. Crée en 2008 pour lutter contre la contrefaçon, ce projet s’appuie sur les médecins de famille et les pharmaciens pour mettre en place un système de communication reliant les opérateurs de secteurs et les consommateurs. « Notre nouvel objectif est de combattre les magasins ethniques et les salles de sport qui font partie des nouveaux réseaux de distribution », confie Guido Rasi, directeur général de AIFA. De son côté, Federfarma promet de mobiliser ses propres réseaux pour multiplier les plates-formes de communication.
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