L’Autriche fait partie des rares pays européens à ne pas avoir accordé de droit de substitution aux pharmaciens, auquel les médecins sont farouchement opposés. Il y a quelques semaines, le médiateur santé autrichien a publié une étude sur les conséquences des ruptures de stock pour les patients, en estimant que certaines évolutions de la réglementation, dont l’institution de ce droit, pourraient améliorer la situation. Il plaide de plus, avec le soutien de l’Ordre des pharmaciens, pour des systèmes d’information précoce sur les ruptures de stock.
Mesure perturbante
Ces propositions, et notamment l’instauration de la prescription médicale en DCI, ont suscité l’ire des médecins, qui y voient une « manœuvre » des pharmaciens pour faire passer une mesure dictée selon eux « par des intérêts financiers ». Selon l’Ordre des médecins en effet, « les pharmaciens réclament la DCI pour réduire la taille de leurs stocks et faire des économies », mais cette mesure est « perturbante pour les patients qui doivent pouvoir bénéficier de médicaments à la présentation et au conditionnement identique pendant tout le traitement ». Même s’il arrive aux pharmaciens de remplacer un générique par un autre avec l’accord du médecin, l’Autriche reste, sans surprise, dans le bas du tableau européen en ce qui concerne la pénétration des génériques.
Selon les médecins, les ruptures de stock sont d’abord liées aux prix modérés des médicaments autrichiens, qui poussent les industriels à livrer en priorité d’autres marchés : ils plaident donc pour que les prix s’alignent sur la moyenne européenne, en semblant oublier que le phénomène est général dans toute l’Europe. Actuellement, ce sont les spécialités anti-allergiques, ainsi que les médicaments antirejets pour les transplantés, qui manquent le plus en Autriche.
Propharmacie
Dans le même temps, l’Ordre des médecins renouvelle sa demande de généraliser la propharmacie, c’est-à-dire la distribution de médicaments par les médecins : très développée dans les régions de montagne, la propharmacie est légale à condition qu’il n’y ait aucune pharmacie dans un rayon de 6 km autour du cabinet propharmacien. Elle fait gagner du temps et évite des déplacements aux patients, selon les médecins, qui voudraient la faire autoriser dans les grandes villes, y compris à Vienne : une mesure qui constituerait un désastre pour les officines urbaines.
Tout en dénonçant le caractère « non éthique » d’une vente de médicaments par le prescripteur, l’Ordre des pharmaciens s’étonne que les médecins, qui se plaignent de manquer de temps pour leurs malades, puissent en trouver pour vendre des médicaments. Il rappelle en outre que, dans le monde entier, la tendance est au renforcement du rôle du pharmacien.
Ces vives querelles entre les deux Ordres ne surviennent pas maintenant par hasard : le 28 septembre, le pays renouvelle son Parlement, suite à la crise provoquée au printemps par l’éclatement de la coalition au pouvoir. Certes, la pharmacie est loin d’être au cœur de la campagne électorale, mais, en Autriche comme ailleurs, une élection générale est souvent l’occasion de rebattre les cartes dans tous les secteurs d’activité.
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