EN DÉPIT du monopole pharmaceutique existant sur les médicaments vendus sans ordonnance en Allemagne, un petit nombre d’entre eux peut aussi être distribué dans les drogueries et les supermarchés. Appelés « médicaments en vente libre » par opposition aux médicaments vendus uniquement en pharmacie, ils ont représenté en 2013 un total de ventes (prix consommateur) de 558 millions d’euros, soit environ 9 % du total des OTC vendus en Allemagne, qui s’est monté en 2013 à 5,98 milliards d’euros.
Les pharmaciens détiennent toutefois 55 % de ce marché « concurrentiel » (328 millions d’euros en 2013) le reste se répartissant entre drogueries, commerces alimentaires et discounters. Pour les pharmaciens, ce secteur représentait donc, en 2013, 42 millions de boîtes, 7 % de leurs ventes d’OTC et 0,7 % de leur chiffre d’affaires global.
Pour pouvoir être vendu en dehors des pharmacies, les médicaments en vente libre doivent répondre à un certain nombre de critères concernant leur composition, leur dosage et leurs indications. Il s’agit le plus souvent de fortifiants et de vitamines, voire de produits légers à visée relaxante ou digestive, faiblement dosés. Il n’est pas rare qu’un même produit, selon ses indications, passe d’une catégorie à l’autre, et entre dans le monopole lorsque son indication devient thérapeutique.
Les ventes de ces médicaments hors pharmacies sont autorisées depuis plusieurs décennies, mais les grandes surfaces ont parfois essayé, sans succès, de mettre la main sur d’autres médicaments, soumis au monopole, et ont dû battre en retraite.
En dépit de la volonté de la grande distribution de développer encore plus ses ventes de médicaments en vente libre, la majorité des industriels se refuse à cette évolution, comme l’explique Jörg Wieczorek, président du syndicat des producteurs de médicaments OTC (BAH) : « passer en grande surface casse l’image du produit et son prix, et rend le conseil impossible », explique-t-il. Pour cette raison, la plupart des industriels préfèrent vendre leurs produits uniquement aux pharmacies, plus intéressantes économiquement pour eux : « nous ne voulons pas que M. Leclerc nous dicte un jour notre conduite », souligne-t-il en faisant référence à la France.
Toutefois, un certain nombre de producteurs proposent deux versions, et deux noms différents, du même produit, l’un réservé à la pharmacie et l’autre aux grandes surfaces. C’est le cas de la société Equimedis, qui commercialise un « baume du cheval » décontractant en pharmacie, lequel existe dans une autre version, moins chère et plus anonyme, pour les autres circuits de distribution. « Si je mets l’original en grande surface, je perds les pharmacies », explique son directeur commercial, prêt d’ailleurs si nécessaire à mener la même opération en France, avec deux noms et deux marques.
Produit banalisé.
Les pharmaciens estiment eux aussi que la mise en grande surface, au-delà des aspects économiques, banalise le produit et bloque son développement. En 2013, d’ailleurs, toujours selon les chiffres du BAH, le chiffre d’affaires des médicaments OTC a progressé de 6 %, alors que celui des médicaments en vente libre hors pharmacie a baissé de 4 %, pour atteindre modestement 190 millions d’euros.
Par ailleurs, il est intéressant de noter que, même en vente libre, ces médicaments ne peuvent pas être distribués par n’importe quel employé : le personnel des drogueries ou des grandes surfaces vendant ces produits doit en effet passer un examen spécifique, organisé par les Chambres de commerce, pour prouver qu’il connaît un minimum ces produits, sait reconnaître leurs défauts éventuels et est capable de les stocker, de les présenter et, si nécessaire, de les retirer de la vente dans de bonnes conditions.
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