« Les patientes présentant des douleurs neuropathiques liées à l’endométriose pourraient être incluses dans l’expérimentation du cannabis thérapeutique », propose le Comité de suivi temporaire de l’expérimentation (CST), qui s’est réuni le15 septembre.
Comment cette idée est-elle venue aux membres du Comité, alors qu'il n'existe aucune étude clinique robuste ni de grande cohorte permettant d'affirmer son efficacité dans l'endométriose ? Tout d'abord, car certaines femmes rapportent soulager leurs douleurs avec du cannabis. Ensuite, parce que des données pharmacologiques et des études précliniques apportent un rationnel à cette utilisation. Pour y voir plus clair, on pourrait donc inclure les douleurs neuropathiques liées à l’endométriose dans l’expérimentation cannabis (sachant que les douleurs neuropathiques réfractaires font déjà partie des indications retenues pour l'expérimentation). Cette précision permettrait de recueillir des données aujourd’hui inexistantes sur les effets du cannabis sur l’endométriose. Et de valider - ou non - son utilité dans cette indication.
Un usage en vie réelle
Côté patientes, l'usage du cannabis en vie réelle existe déjà. Selon une enquête de l'association EndoFrance menée auprès de 3 600 femmes souffrant d’endométriose en France, Italie et en Espagne, 12 % soulagent leurs douleurs avec du cannabis, dont 14 % avec du THC, avec des résultats positifs. De plus, EndoFrance s’est rapproché d’un algologue qui encadre l’usage de CBD sans THC en cas d’échec de traitement classique sur la douleur d’endométriose. Un retour positif a été observé avec peu d’effets secondaires : les patientes prennent une huile sublinguale de CBD pendant 24 à 48 heures quand la crise arrive, sans ressentir le besoin d’en reprendre par la suite. Par ailleurs, Priscilla Saracco, présidente de l’association EndoMind, rapporte également que certaines patientes utilisent du CBD ou du cannabis afin de réduire les douleurs, dans une démarche individuelle et sans encadrement. De nombreux retours positifs sont rapportés sur la douleur, la qualité du sommeil, la qualité de vie… « Bien qu’il n’existe pas d’études cliniques solides pour valider cet usage, il y a urgence à trouver une solution pour ces patients chez qui l’usage du cannabis est efficace », avance-t-elle.
Quid des études ?
En effet, au niveau des études cliniques, on est plutôt pauvre. Certaines montrent un bénéfice du cannabis dans cette indication, mais aucune d’entre elles n’est robuste (hétérogénéité des produits et des doses utilisées, etc.), et aucune grande cohorte n’a été menée. « On ne peut donc pas valider l’utilisation médicale du cannabis dans l’endométriose », conclut François Golfier, du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF). Toutefois, si l’on se fie aux données pharmacologiques et précliniques (chez l’animal), cet usage pourrait se justifier. En effet, l’appareil reproducteur féminin possède de nombreux récepteurs cannabinoïdes, qui sont surexprimés dans les cellules épithéliales des lésions d’endométriose, et sur lesquels peut se fixer le cannabis et provoquer une action antalgique. En outre, chez l’animal atteint d'endométriose, l’administration d’agoniste CB1 diminue les marqueurs biophysiques de la douleur, et l’administration de cannabis diminue la taille des lésions. Ce qui va donc dans le sens d'un intérêt médical du cannabis. Qu'il reste à vérifier.
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