MÊME SI LES ÉTUDES médico-économiques restent insuffisantes en France, les données disponibles sur les taux de non-observance médicamenteuse et leur coût financier et humain sont parlantes. Comme aux États-Unis, l’observance dans les pathologies chroniques est souvent aux alentours de 50 %, ce qui signifie que la moitié des médicaments prescrits ne sont pas consommés par les patients ! Le coût de cette non-observance est ainsi estimé à 2 milliards d’euros chaque année, le nombre de journées d’hospitalisations induites à 1 million et les décès à 8 000 par an.
Le taux d’observance diffère certes selon les pathologies, mais il ne dépasse pas 80 %, même pour des maladies graves comme le diabète de type 2, la transplantation cardiaque, le sida. Les traitements prescrits pour les maladies cardio-vasculaires (aspirine, bêtabloquants, IEC, statines) ne sont pris que par 54 % des patients à 1 an. Pour les maladies psychiatriques c’est à peine 50 % et pour l’asthme 30 à 40 %.
Une Éducation thérapeutique du patient différente.
Les Associations de patients comme l’AFD (Association française des diabétiques) sont demandeuses de nouvelles approches pour améliorer l’observance, mais elles écartent des systèmes exposant à des sanctions financières comme la télésurveillance pour les patients apnéiques (actuellement suspendue par le Conseil d’État).
Pour sa part, le Dr Hélène Mosnier-Pudar, diabétologue à l’hôpital Cochin (Paris) pense que l’Éducation thérapeutique du patient (ETP) peut être une bonne réponse à la non-observance chez les malades chroniques. Mais pas l’Éducation thérapeutique classique, qui a ses limites. Il ne s’agit pas de faire de la pédagogie frontale, paternaliste, ni même comportementale, manipulatrice, qui ne fait pas appel à la motivation. La pédagogie constructiviste est plus intéressante car elle aide à transférer les connaissances dans la vie quotidienne, mais elle ne tient pas compte des émotions, des désirs, des croyances et des représentations, propres à chaque malade. « Il faut penser autrement, écouter le patient pour trouver les moyens d’augmenter sa motivation et établir avec lui un véritable partenariat, mais ceci nécessite un changement de posture de la part des soignants… » Par ailleurs, relève le Dr Mosnier-Pudar, en France seulement 2 à 3 % des malades chroniques bénéficient de l’ETP et celle-ci est souvent cantonnée à l’hôpital. Pour être efficace, elle devrait, au contraire, « passer par les acteurs de santé de proximité, pharmaciens, médecins de ville, infirmières ».
Envoyer des SMS.
En officine, les entretiens pharmaceutiques avec les patients sous traitement chronique, qui renforcent le lien de confiance et de proximité avec le pharmacien, vont dans le bon sens, de même que le système d’accompagnement à distance Sophia proposé aux diabétiques par l’Assurance-maladie. Mais il faut aller plus loin. Le Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP) s’est penché récemment sur ces mésusages et fait des propositions. Entre autres, repenser la présentation des médicaments, dont les emballages sont aujourd’hui peu lisibles ou inquiétants, et mettre l’accent sur le rôle du pharmacien, du médecin et de l’infirmière.
Le Pr Daniel Sereni, interniste, président de la commission santé de la Fondation Concorde, formule également des propositions, à commencer par la création d’un Observatoire de l’Observance. De manière plus pratique, il recommande d’intégrer dans la notice d’information contenue dans les boîtes de médicaments, un avertissement sur les risques de la non-observance du traitement prescrit. Pour Kevin Dolgin, président d’Observia, il n’y a aucun doute : pour améliorer l’observance, il faut accompagner le patient en utilisant les bases du marketing : fréquence des messages et proximité du contact. Plus un message est répété et individualisé, mieux ça marche. « Les SMS, par exemple, sont une réponse à la fois peu coûteuse et efficace. Aux États-Unis, le programme TexT-Med, utilisé pour toucher les populations défavorisées où les problèmes d’observance sont très importants, a prouvé son efficacité : + 50 % d’observance médicamenteuse. Un autre système lancé il y a quelques années avec l’aide de Boehringer-Ingelheim, PEP (Patient Empowerment Program), qui passe par le pharmacien et recourt aussi à des petits textes individualisés, pourrait être transposé en France… »
La Société Observia conçoit des actions e-santé d’accompagnement des patients reconnues par les autorités de santé.
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