POUR les pouvoirs publics, générique est synonyme d’économies. Les obstacles au développement de ces médicaments sont donc, en général, mal vus. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, souhaite d’ailleurs mettre en place un nouveau plan d’action pour redonner un coup de fouet au marché (« le Quotidien » du 23 octobre). Avec cet objectif, les députés viennent d’adopter deux mesures dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2015 : autorisation de la substitution des médicaments administrés par voie inhalée à l’aide d’un dispositif en initiation de traitement et élargissement du répertoire aux spécialités dont la substance active est d’origine végétale.
De son côté, l’assurance-maladie semble décidée à mettre fin à l’utilisation abusive de la mention « non substituable », alias NS, par les médecins, qui coûterait 110 millions d’euros par an à la collectivité. Depuis quelques mois, les médecins-conseils passent au crible les prescriptions de quelque « 500 professionnels qui utilisent de façon décalée par rapport à leurs confrères la mention NS, pour des molécules pour lesquelles a priori il n’y a pas de matière à le faire ».
Généraliste dans l’Oise, le Dr Alain Daboul est l’un des prescripteurs rattrapés par la patrouille. Depuis plusieurs années, il prescrit très régulièrement en non substituable. Par souci pour ses patients, assure-t-il. « Vis-à-vis de certaines personnes âgées, je préfère prescrire des princeps, confie-t-il au « Quotidien du Médecin ». Les pharmaciens substituent en fonction de ce qu’ils ont en stock, si bien que mes patients ne se font jamais délivrer la même boîte. Ils s’y perdent. » Le Dr Daboul affirme également que pour certains médicaments pédiatriques, les versions génériques auraient un goût si désagréable qu’il découragerait l’observance des enfants.
Des arguments qu’il devra faire entendre à sa caisse primaire qui, pour l’année 2013, a calculé que seulement 5 % de ses prescriptions entraient dans le champ du répertoire générique. Un taux bien modeste qui lui vaut régulièrement des courriers de la CPAM de l’Oise. Le 3 octobre dernier, « pour qu’ils arrêtent de me harceler », Alain Daboul s’est engagé par courrier à ne plus apposer de mention NS sur ses ordonnances. Un changement d’attitude un peu tardif aux yeux de la caisse qui lui a adressé un volumineux courrier recommandé, comprenant 62 feuilles format A 3, listant 930 lignes de ses prescriptions en NS. « On me demande de justifier de façon manuscrite sur le listing chacune de mes prescriptions, et de dire à chaque fois pourquoi j’ai refusé la délivrance du générique correspondant, s’indigne le praticien qui refuse de se soumettre. J’en ai pour des semaines, je ne peux pas faire ce travail, d’autant que je n’ai pas de secrétariat. »
Les officinaux, eux, devraient se réjouir de la démarche de l’assurance-maladie. Car même si le recours au « non substituable » n’est pas une pratique systématique chez les prescripteurs, elle représente un véritable souci pour les officines qui se trouvent à proximité de praticiens qui l’utilisent de façon excessive. « Si j’enlève les ordonnances portant la mention NS, d’un taux de substitution de 92 % actuellement, je passerai à plus de 99 % », expliquait Caroline, une consœur, sur notre site internet lequotidiendupharmacien.fr. Un autre internaute l’affirme également : « Mon taux générique est de 85 % et, une fois les mentions NS écartées, ce chiffre monte à 98 % (selon la CPAM). » Au-delà d’augmenter les économies pour les comptes sociaux, la chasse aux NS pourrait aussi améliorer la prime allouée aux officinaux pour leur engagement dans la substitution.
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