Dans l'esprit des Français, l'automédication revêt de multiples visages. « Pour la population, s'automédiquer, c'est chercher soi-même, sans avis médical, un médicament chez son pharmacien. Ou piocher ce dernier dans l'armoire à pharmacie personnelle. Ou encore, l'obtenir auprès d'un proche qui aurait eu la même affection et qui posséderait le bon remède », résume Laurent Grange, rhumatologue, président de l’Association française de lutte anti-rhumatismale (AFLAR). Ainsi, l'automédication - telle qu'elle est pratiquée par les Français - n'est pas sans risques. Pour pouvoir en récolter les bénéfices, une règle préliminaire s'impose. « Avant de prendre un médicament de son propre chef, le patient doit en informer un membre de l’équipe de santé qui le prend en charge : médecin, pharmacien, infirmière… À l'avenir, il serait bon d'intégrer les médicaments délivrés sans ordonnance dans le DMP afin que les professionnels de santé aient accès à l'ensemble des médicaments (prescrits ou non) du patient », assure le Dr Martial Olivier-Koehret, médecin généraliste à Luxeuil-les-Bains (Franche-Comté), président de l'association Soins coordonnés.
Accroître le savoir des patients…
Aider les Français à « prendre leur santé en main », c'est l'un des principaux bénéfices attendus de l'automédication. Un objectif qui ne pourra être réalisable sans éducation thérapeutique. « L'automédication concerne deux types de patients : ceux qui sont atteints de maladies chroniques et qui ont été formés à leur pathologie, et ceux qui se soignent pour une pathologie aiguë. C'est ceux-là qu'il faut surveiller en priorité car, sans information de la part d'un professionnel de santé, ils risquent de choisir un médicament inefficace, voire délétère pour leur santé », souligne Stéphane Pichon, président du Conseil régional de l'Ordre des pharmaciens en PACA et Corse. L'automédication possède un atout de taille : les médicaments en vente libre permettent, aujourd'hui, de soigner une multitude de maux. « Nous disposons de thérapeutiques très puissantes, en vente libre. Malheureusement, les déremboursements successifs et les produits retirés du marché sèment le doute sur leur efficacité. Pour éviter le mésusage et accroître les connaissances des patients, nous devons toujours mettre en place un accompagnement thérapeutique, avec un minimum de directives sur ces médicaments », note le Dr Olivier-Koehret.
...et leur faire gagner du temps
L'automédication bénéficie d'un avantage bien connu du grand public : elle permet de gagner du temps sur le traitement d'une maladie bénigne ou chronique. Cette pratique contribue, par exemple, à soulager les premiers symptômes d'une affection connue, en attendant un rendez-vous médical chez un spécialiste. Par ailleurs, dans un contexte de désertification médicale, elle permet au pharmacien de jouer un rôle indispensable dans la prise en charge de pathologies bénignes. « Nous sommes tout à fait capables de prendre en charge une cystite ou une conjonctivite : notre conseil est particulièrement utile, le week-end et dans les zones où l'accès à un médecin est difficile », assure Stéphane Pichon. L'automédication - accompagnée par le pharmacien - pourrait ainsi désengorger les cabinets médicaux et les urgences hospitalières qui accueillent bien trop souvent des patients souffrant de maux bénins.
*Table ronde organisée par la revue « Pharmaceutiques » et l'Association française de l'industrie pharmaceutique pour une automédication responsable (AFIPA).
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