Face à un fort besoin médical non couvert, chaque annonce d’un médicament indiqué dans la maladie d’Alzheimer suscite l’engouement. C’est le cas de Leqembi (lécanemab) qui a décroché son AMM américaine vendredi dernier. Mais pour la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT), au vu des résultats cliniques, ce médicament ne devrait pas être commercialisé. Un avis similaire à celui qu’elle a rendu lors du lancement d’Aduhelm (aducanumab) aux États-Unis en 2021.
Tout comme Aduhelm (aducanumab), Leqembi (lécanemab) a fait les gros titres de la presse ce week-end, après son approbation par l’Agence américaine du médicament (FDA) vendredi dernier dans la maladie d’Alzheimer à un stade peu avancé. Et tout comme Aduhelm, Leqembi vise à réduire le déclin cognitif des patients en ciblant les plaques amyloïdes qui se forment autour des neurones et finissent par les détruire. Pour la FDA, c’est « une avancée importante dans notre bataille pour traiter efficacement la maladie d'Alzheimer ». Mais ce n’est pas l’avis de la Société française de pharmacologie et de thérapeutique (SFPT).
Réagissant hier sur Twitter, la SFPT a renvoyé vers l’avis qu’elle a mis à jour sur son site le 19 décembre 2022 après avoir analysé les derniers résultats cliniques publiés dans « The New England Journal of Medicine » (NEJM). Elle estime ainsi « qu’en dépit d’une diminution des plaques amyloïdes, aucun des anticorps anti-substance amyloïde (aducanumab et lécanemab, ndlr) n’a pu démontrer à ce jour un effet cliniquement pertinent permettant de soutenir un rapport bénéfice/risque favorable de ces médicaments ». Et elle n’est pas la seule. Elle rappelle en effet la controverse intervenue en juin 2021 lorsque la FDA a accordé une AMM à Aduhelm malgré un avis défavorable de son comité d’experts en raison du manque de preuves d’efficacité, aboutissant un mois plus tard à une restriction de ses indications aux formes modérées de la maladie. De son côté l’Agence européenne du médicament (EMA) « a refusé une telle autorisation », considérant « qu’il n’y avait pas d’effet clinique pertinent chez les patients traités », incitant Biogen à retirer sa demande en Europe.
La SFPT met en avant que les résultats cliniques publiés par les laboratoires Eisai et Biogen, qui co-développent Aduhelm et Leqembi, sont insuffisants pour confirmer un bénéfice-risque positif pour les patients et donc cliniquement non pertinents. En outre, ajoute la société savante, les effets secondaires potentiels ne sont pas anodins. « L’observation en imagerie cérébrale (IRM) de lésions œdémateuses et micro-hémorragiques est plus fréquente chez les patients traités par lécanemab » et, dans les essais menés, « deux hémorragies cérébrales d'évolution fatale sont possiblement liées à l'administration de lécanemab ».
Administré par intraveineuse une fois toutes les deux semaines, Leqembi est lancé aux États-Unis à un prix de 26 500 dollars par an (contre 56 000 dollars par an pour Aduhelm).
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