LE QUOTIDIEN DU PHARMACIEN.- Pourquoi avez-vous quitté Biogaran pour Teva ?
Érick ROCHE.- C’est une démarche personnelle. Après y avoir passé quinze ans, j’ai effectivement quitté un laboratoire qui jouit d’une excellente réputation et d’une grande notoriété, tant auprès des pharmaciens que du grand public, pour une tout autre aventure. Pour moi, Teva, c’est le choix de l’avenir. C’est un peu un laboratoire du 3e type, qui ne ressemble à aucun autre. C’est un acteur mondial, parti du générique, qui s’est hissé au 10e rang avec l’acquisition de Cephalon, et dont les activités entre génériques et princeps pèsent aujourd’hui à peu près le même poids en France. Il construit un modèle économique hybride, avec des génériques et des princeps, mais, contrairement à d’autres laboratoires, ces activités ne sont pas cloisonnées. Les valeurs et le savoir faire développés dans le générique profitent aux princeps. Il y a de très fortes synergies entre les deux activités, que nous allons continuer à développer sur le plan commercial, en mettant l’accent sur la qualité du service. Ainsi, dès cette année 2012, les produits de la gamme Théramex seront promus en officine par les réseaux génériques, de même que certains produits de Cephalon, comme Spasfon. Autre originalité du groupe, l’accord passé avec Procter et Gamble pour mettre en commun nos savoir-faire. D’un côté, Teva apporte sa puissance industrielle, sa capacité de développement et une partie des produits, et, de l’autre, Procter et Gamble apporte son expérience marketing et certains produits, comme Vicks. Nous allons donc être amenés à faire des offres en commun auprès des pharmaciens sur ces produits non remboursés.
Sur le marché des génériques, où en est la fusion de ratiopharm avec Teva ?
Elle est aujourd’hui achevée. Les deux marques vont continuer à coexister, mais, demain, c’est la même équipe qui les présentera auprès des pharmaciens. Malgré des difficultés d’ordre culturel dans le rapprochement des deux sociétés, les équipes ont réussi à maintenir les parts de marché, ce qui est remarquable.
Comment se présente l’année 2012 sur le plan des lancements de génériques ?
Nous allons lancer cette année 264 produits, sous les marques Teva, ratiopharm, et pour deux marques de distributeurs, PHR lab et Isomed, représentant 110 spécialités différentes. Avec quelques gros lancements comme le candésartan et l’atorvastatine, au cours du premier semestre. Mais la majorité des lancements concernera des produits plus chers et moins diffusés, pour des pathologies plus complexes, qui sont plus difficiles à atteindre par les génériques.
La qualité des produits utilisés pour les génériques est parfois mise en cause. Que répondez-vous à cette suspicion ?
Il s’agit pour moi des séquelles d’un travail qui n’a pas été fait en amont. C’est un peu l’éléphant qui était dans la pièce, dont personne n’osait parler, mais qui était là. La qualité des génériques n’est pas plus à mettre en cause aujourd’hui qu’il y a dix ans, mais le contexte lié à l’affaire Mediator fait ressurgir des craintes auxquelles il va falloir répondre. Le passage en force, avec notamment le dispositif tiers payant contre générique, a créé une bombe à retardement. Il faut revenir aux fondamentaux et reprendre un travail d’explication et de pédagogie auprès des équipes officinales et des médecins sur la qualité des génériques, sur la bioéquivalence, etc.
Où sont fabriqués les génériques Teva ?
Plus de la moitié de nos références sont fabriquées par des façonniers français ou européens. Pour l’autre moitié, Teva possède une douzaine d’usines en Europe, dont deux en France.
Et la qualité des matières premières, qui viennent d’un peu partout, et souvent de Chine et d’Inde ?
Elles subissent les mêmes contrôles que pour les produits princeps, dont les principes actifs viennent également de plus en plus d’Asie. L’inquiétude sur leur qualité est un fantasme. Les usines qui produisent les matières premières sont régulièrement auditées par les autorités de santé selon des critères très stricts et nous devons le faire savoir. Quant à Teva, il a l’obsession de la qualité. Son niveau d’exigence est reconnu, mais nous devons aussi le prouver.
Comment voyez-vous l’évolution du marché du générique à court et à moyen terme ?
On observe une légère stagnation de la substitution, liée à la défiance actuelle autour du médicament, aux nouvelles spécialités plus complexes à substituer et au recours trop fréquent des médecins à la mention « non substituable ». Il reste un gros potentiel à substituer, de l’ordre de 40 % du répertoire. Je pense qu’il faut rassurer tous les acteurs et aider les pharmaciens à substituer. Sur le plan des prix, les baisses significatives qui ont été annoncées vont naturellement impacter le marché en valeur. D’ici à 2015, il va falloir optimiser la pénétration des génériques, trouver des solutions avec les pharmaciens pour à la fois améliorer leur rentabilité et leur apporter les services leur permettant de faciliter le rôle essentiel de conseil qu’ils apportent au quotidien à tous les patients, et surtout conserver une certaine liberté au marché, en évitant les appels d’offres. Après 2015, une nouvelle pharmacopée va arriver, issue des biotechnologies et le marché des biosimilaires va se développer. Le groupe Teva, qui est déjà très présent sur cette gamme de produits en France, est prêt à relever ce nouveau défi.
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