CERTAINS lanceurs d’alerte sont plus discrets que d’autres. Tel ce confrère qui, dès vendredi 7 juin, a eu, semble-t-il, les bons réflexes, au bon moment. Car c’est bien la réaction de ce titulaire Malouin, contacté ce soir-là par une patiente, qui a permis d’engager le retrait des médicaments suspects dans l’affaire du furosémide Teva. Comment le pharmacien a-t-il repéré l’anomalie, comment y a-t-il réagi et quels sont les indices qui l’ont mis sur la piste de l’accident thérapeutique ? C’est Isabelle Adenot, la présidente de l’Ordre, qui a recueilli le témoignage de ce pharmacien modeste, qui fuit, depuis la première heure, micros et caméras. En toute confraternité, elle a d’abord félicité l’officinal sur sa réaction très professionnelle puis l’a interrogé sur le déroulement des faits qui devait mener au lancement de l’alerte et au retrait de lots.
« Ma patiente m’a téléphoné le vendredi soir, elle me disait être somnolente depuis la prise de son diurétique. Ses propos étaient un peu confus. Elle m’a dit aussi qu’elle avait trouvé dans une même boîte de furosémide des comprimés d’aspects différents. Elle se rappelait également qu’en fin de matinée, le jour de la fête des mères (le dimanche 26 mai, NDLR) elle s’était curieusement endormie… Devant son discours pas très clair, mais sur la foi d’indices inquiétants je lui ai demandé de rapporter à la pharmacie l’ensemble de ses boîtes de médicaments. Elle est venue le lendemain matin et, avec ma préparatrice, nous avons examiné le contenu de toutes les boîtes de furosémide, comprimé par comprimé. Le constat était clair, les comprimés, de deux types, se distinguaient par des inscriptions et des formes différentes. Les uns étant par exemple plus bombés que d’autres. J’ai alors immédiatement appelé le laboratoire Teva qui a pris en charge aussitôt mon alerte, puis j’ai prévenu le centre régional de pharmacovigilance. Dès le lancement de l’alerte, Teva a identifié les lots suspects via son contrôle qualité. Pour instruire l’enquête, le laboratoire m’a demandé de lui envoyer un comprimé de zopiclone issu du blister d’une boîte de furosémide. C’est ce que j’ai fait. La suite, vous la connaissez. »
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